De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Faute de vaccin contre l'hépatite C, la prévention demeure le seul moyen de minimiser cette infection. Il faut réapprendre à mieux «stériliser» ses espaces de soins là ou le sang se trouve en contact avec les outils de travail. Ces dernières années on a récensé dans 6 wilayas de l'Est près de 350 000 personnes contaminées par ce type de virus. A Constantine, des statistiques avancent une moyenne de 10 nouveaux cas par mois à ajouter aux sujets qui sont sous traitement. Contrairement aux autres types de l'hépatite qui ont leur vaccin à l'image du «B», le virus «C» reste en quête d'une prévention et d'une sensibilisation accrue afin de ne pas sévir… «L'hépatite virale. C est la plus répandue en milieu hospitalier. En Algérie, elle constitue la première cause de la cirrhose et du cancer du foie», nous a confié le professeur en maladies infectieuses au niveau du CHU Benbadis M. Dalichaouche. «Cette infection prend notamment origine en milieu de soins et aussi dans des cabinets de chirurgie dentaire en raison de la présence du sang avec lequel elle est liée.» Autrement dit, expliquera le spécialiste, «elle est considérée comme une infection nosocomiale». Par ailleurs, d'autres sources de contamination par ce virus «se trouvent dans les centres de la dialyse. Le pourcentage des personnes qui y sont atteintes avoisine les 40 à 60%». Alors qu'en Europe la prévalence du C est élevée dans le milieu des toxicomanes. «L'infection passe souvent inaperçue dans 80% des cas. C'est en présence d'un ictère que le médecin pousse les bilans assez loin pour confirmer la présence du virus, notamment en se référant aux taux élevés des transaminases. Le dépistage en sera systématiquement demandé», explique le professeur. Tatouage et autres piercings sont également des foyers de transmission. «La prévention reste le seul moyen dès lors qu'il n'existe pas de vaccin, donc il faut apprendre à réduire le risque», alerte Dalichaouche. En matière de médication, notre interlocuteur nous fera part d'un «traitement prodigué comme celui administré en Europe. A cet effet, la prise en charge du sujet atteint est garantie depuis la confirmation de la maladie et son admission au CHU. C'est une bithérapie que l'on dispense au malade, PEG-Interférent. Il faut savoir que les médicaments reviennent trop chers. 144 millions de centimes sont déboursés pour une prescription annuelle par malade. La prise en charge nécessite une année entrecoupée mensuellement par une stricte surveillance médicale rapprochée à cause des effets secondaires du traitement.» En dépit de la disponibilité des médicaments, très chers, malheureusement, seuls 50% des infectés en sont guéris. Aujourd'hui, dira le médecin, «à cause de cette non-efficacité, des recherches actuelles portent sur de nouvelles molécules.» Toujours sur le plan le la prise en charge, un autre problème et non des moindres oblige les sujets à rejoindre Batna pour effectuer l'examen “PCR”, un dispositif qui fait défaut à Constantine et dans plusieurs CHU du pays. «L'absence de ce moyen constitue un grand obstacle pour le malade et pour les médecins. Ce test nous permet de confirmer la présence ou non du virus après le traitement. La “PCR” qui donne “la charge virale” est un examen onéreux. Il revient à 12 000 DA», dira Dalichaouche et de préciser : «Ce test devrait être fait obligatoirement trois fois durant les phases de soins et le 6ème mois après l'achèvement du traitement. Ce qui explique la problématique financière à laquelle sont confrontés les malades dont le budget est faible. Il n'empêche que comparativement au traitement de 144 millions, le coût de ce test reste acceptable pour les malades qui se débrouillent chacun à leur manière. Soit par le biais du Croissant-Rouge algérien, soit par l'implication d'autres bienfaisances.» La direction de l'hôpital a été saisie à maintes reprises sur ce déficit. Mais force est de constater que sur le terrain peu de choses se concrétisent, précise le professeur tout en saluant la «disponibilité du traitement et des analyses». En matière de prévention sur la propagation de l'hépatite virale C, «il faut surtout se mettre à l'esprit qu'elle est liée au sang. Ainsi, l'évaluation des actions préventives s'imposent à plus d'un titre une fois les services hospitaliers sont tous dotés en kits à usage unique. Evidemment, cela demande beaucoup de moyens». Par ailleurs, notre interlocuteur déplore l'attitude de certains médecins, dentistes et autres chirurgiens qui «s'abstiennent» de prendre en charge un malade atteint de l'hépatite C. Une attitude qui ne fait qu'aggraver la propagation de cette infection, car le patient, dira Dalichaouche, finira par «cacher» sa maladie à la corporation médicale chez qui il reçoit d'autres soins.