De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Quand on évoque les infections nosocomiales, les regards sont instinctivement braqués sur les hôpitaux et leurs services. Mais, ces espaces ne sont pas les seules sources de contamination. Le virus de l'hépatite C, par exemple, élit souvent domicile chez des chirurgiens-dentistes. Les différentes thèses appuyées par des études récentes viennent confirmer ce constat alarmant. La région Est détient le record en matière de contamination. Combien de journées de sensibilisation sur l'utilisation du matériel de stérilisation ont été organisées pour cerner le problème, mais en vain. La tutelle devrait songer à changer son fusil d'épaule pour parvenir à «réguler» les cabinets dentaires, publics ou privés, en les obligeant à adopter les normes élémentaires d'hygiène. Les séminaires organisés autour de la santé bucc-odentaire n'ont cessé de mettre en relief la problématique à caractère infectieux lié à la transmission de maladies en milieu de soins. D'aucuns reconnaissent que les dentistes sont générateurs de la propagation de contamination des hépatites B et C. Une situation criante dénoncée, notamment, par les médecins, lesquels, unanimement, attestent l'existence d'un haut risque de contamination en cabinet dentaire. Le danger a atteint des proportions alarmantes et avoisine 70%, selon les dernières statistiques des différents conseils de l'Ordre des praticiens du pays. Un chiffre soutenu aussi par l'association SOS Hépatites. La région Est du pays enregistre le plus grand taux. Si, d'une part, les sujets atteints par le virus affichent une réticence à avouer leur maladie aux chirurgiens de peur de se voir «refuser» des soins - cet état est critiqué par toute la corporation y compris celle des hospitalo-universitaires- de l'autre, ces derniers sont loin pour la plupart de pratiquer avec des normes d'hygiène élémentaire. Ainsi, la sonnette d'alarme sur la vétusté du matériel de stérilisation a été enclenchée consécutivement à la prévalence des hépatites, notamment l'hépatite C. Cela va du stérilisateur au port des gants, du masque aux déchets, souvent entassés sans tri préalable. Les outils de stérilisation utilisés sont largement dépassés, reconnaît un dentiste local qui défend ses confrères, en indiquant que «seul l'autoclave 3 000 degrés permet une destruction des virus. Toutefois, un praticien, qui vient à peine d'entamer son parcours ne peut malheureusement acquérir cet outil sans une contribution des pouvoirs publics». Une échappatoire qui permet au virus C de couver encore, sous les regards des responsables, pourtant initiateurs de beaucoup de projets de sensibilisation et de formation au profit des praticiens du secteur public. Contracté souvent dans les cabinets dentaires, le virus de l'hépatite C est considéré comme une infection nosocomiale contre laquelle une batterie de mesures hygiéniques s'imposent en vue de minimiser son risque, estime le professeur Dalichaouche du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine. Au vu de ces constats, on est loin de mettre au banc des accusés les seuls milieux hospitaliers dépassés par le rush des malades. Les praticiens transgressent, parfois, les rudiments d'hygiène. Les déchets ne subissent aucun traitement avant d'être évacués. Combien de fois les services communaux n'ont-ils pas été confrontés à des déchets provenant des blocs opératoires entassés dans des bacs… Il va sans dire que la corporation a, elle aussi, grand besoin d'une sensibilisation et d'une formation continue comme annoncé dernièrement lors d'un séminaire tenu à Jijel. Il importe de recycler «les assistants dentaires et de les informer sur les risques d'infection». Par ailleurs, le ministère de la Santé avait programmé des sessions de formation autour de la stérilisation au profit des chirurgiens-dentistes publics. Cependant, l'action ne serait pas allée à son terme, d'où la multiplication de rencontres répétitives en vue de se pencher continuellement sur cette problématique considérée comme un «danger de santé publique». L'hygiène bucco-dentaire pour ne pas «se casser les dents» En matière de prévention et de sensibilisation sur l'hygiène bucco-dentaire, notamment en milieu scolaire, des rendez-vous périodiques sont organisés par la direction de la santé et de la population de la wilaya dans différentes communes. Avec les médecins dentistes affiliés aux unités de dépistage et de suivi (UDS) au nombre de 55, les élèves sont suivis tout au long de l'année pour prévenir les caries dentaires et d'éventuelles pathologies. Malheureusement, cet œil vigilant ne suffira pas à prendre en charge les élèves dont la dentition nécessite une exploration supplémentaire ou une prothèse. La plupart des parents raccrochent en prenant attache avec le privé ! Il n'empêche que, pour minimiser les complications, le seul moyen de lutte pour s'assurer des dents en bonne santé reste l'hygiène bucco-dentaire qui permet «d'éliminer la plaque dentaire se formant à la surface des dents», car les bactéries sont responsables d'une irritation des gencives, autrement dit gingivite. Cela pourrait entraîner une mobilité, puis la perte des dents. Par ailleurs, on apprend que les bactéries dans la plaque dentaire transforment les sucres en acide lactique. Le tartre qui est la plaque dentaire minéralisée ne peut être éliminé par simple brossage, mais doit être enlevé par un détartrage au grand bonheur des dentistes ! Ce geste exige un autre budget et non des moindres selon la prestation fournie. C'est ainsi que la lutte et la sensibilisation autour de la santé bucco-dentaire battent leur plein en vue d'éviter des complications coûteuses. Le seul moyen efficace demeure le brossage des dents en utilisant un dentifrice contenant du fluorure, soit une barrière contre les attaques acides générées par l'alimentation qui affecte l'émail des dents. Dans le même ordre d'idées, le ministère de la Santé a engagé de nouveau la lutte dans les écoles en dotant les élèves de comprimés à base de cet élément «ennemi de la carie dentaire». Une réflexion loin d'être fortuite si l'on sait que bon nombre de bambins contractent leur première carie, d'où la nécessité d'une sensibilisation non seulement en milieu scolaire mais en faisant appel aux parents aussi pour protéger les dents de leurs enfants.