En dépit de ses limites et de ses ambiguïtés juridiques, la politique de la réconciliation nationale a donné des résultats plus que probants, d'autant qu'elle est accompagnée, et ce depuis sa mise en œuvre, d'une fermeté à l'égard des groupes terroristes irréductibles. Cette politique de main tendue et de main de fer s'est traduite, depuis 2004, par une hémorragie des maquis tant le nombre de redditions est important, par la sécurisation d'espaces géographiques contrôlés par les terroristes et par un renversement spectaculaire des références religieuses qui prêchaient la haine et la violence avant de changer de cap et de condamner ouvertement le terrorisme et ce que certains appellent le «djihad». Le soutien populaire à la réconciliation nationale et les effets positifs de cette option sur le terrain ont mis à nu les récalcitrants et les chasseurs en eaux troubles qui tirent profit de la tragédie nationale et de l'anarchie sécuritaire. C'est à ce titre que la poursuite et l'approfondissement de la politique de réconciliation nationale demeure une des priorités de l'Etat au même titre que la lutte sans relâche contre les dernières poches terroristes. Car, la réhabilitation de l'Etat et de sa puissance publique dans toutes ses expressions ne peut se faire sans la sécurisation de la moindre parcelle du territoire national. La relance économique, l'instauration de l'Etat de droit, l'élargissement des libertés individuelles et collectives et l'ouverture des espaces politiques nécessitent, certes, la restauration de la paix et l'éradication de la violence armée, mais nécessitent aussi une lutte sérieuse contre les tribunes qui continuent à inoculer leur venin de haine, de ségrégation et à jeter l'anathème sur des citoyens et des opinions qui refusent le diktat des islamistes. Le droit à la différence doit être défendu par toutes les institutions de l'Etat et renforcé par des textes de loi pour en finir avec les hésitations et surtout pour colmater toutes les brèches juridiques qu'exploitent les sectes qui s'autoproclament tutrices de la nation. Dans son discours électoral, Bouteflika a bien averti que les islamistes et les laïcs ont les mêmes droits et que les uns ne valent pas plus que les autres. Il s'agit de traduire cette appréciation dans les faits de sorte à faire de l'Algérianité l'unique référence et fondement de la citoyenneté. L'intolérance a été nourrie par la non reconnaissance du droit à la différence aussi bien dans l'expression des opinions que dans le mode de vie et la façon de se vêtir. Ceux qui se sont érigés en tuteurs de la conscience et gardiens de valeurs désuètes ont mené un travail d'endoctrinement pendant de longues années afin d'instaurer une société à pensée unique. L'émancipation de la société passe inéluctablement par la constitutionnalisation du droit à la différence et le respect absolu des libertés individuelles et collectives par tous. La réconciliation nationale n'a de sens que si tous les Algériens quelles que soient leurs opinions et façon de vivre, se reconnaissent dans une Algérie qui protège leurs convictions religieuses, politiques, philosophiques et sociales. A. G.