Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Bien que l'impact de la crise économique soit limité pour la région du Maghreb, le directeur adjoint du FMI pour la région MENA, M. Amor Tahari, a estimé en marge du Forum des hommes d'affaires maghrébins que des actions doivent être faites et qu'il y a «un impact sur l'activité réelle». Il a affirmé, en fait, que «toutes les régions ont été affectées, y compris, bien sûr, la région du Maghreb». «L'impact de la crise est limité, comparé à d'autres régions. Si l'on prend, par exemple, le secteur financier c'est vrai que l'impact a été très limité, parce que les systèmes financiers de tous les pays maghrébins ne sont pas tellement liés au système financier international. Ils n'ont pas, bien sûr, des actifs toxiques comme les pays avancés, cependant, il y a un impact sur l'activité réelle qui passe, bien sûr, pour les pays producteurs du pétrole, comme l'Algérie, à cause de la chute énorme des prix du pétrole et même de la réduction de la production pétrolière qui a affecté énormément les recettes», argumente M. Amor. Néanmoins, considère-t-il, «ce qui est évident c'est que, pour les pays pétroliers comme l'Algérie et la Libye, ils ont accumulé des réserves par le passé. Cela permet de continuer les dépenses, surtout les dépenses d'investissement. Ce qui a limité l'impact sur l'activité économique.»Concernant la croissance dans cette région, le directeur adjoint du FMI ne cache pas que «la croissance économique moyenne a baissé de moitié». «Donc, affirme-t-il, par le passé le taux de croissance moyen qui était d'environ de 7% a baissé à un taux de 2,5%.» Pour les pays non exportateurs de pétrole, M. Amor juge que «l'impact, c'est principalement sur trois canaux importants : le premier est la récession mondiale qui aura un impact sur les exportations des pays, un impact sur les recettes du tourisme comme la Tunisie et le Maroc et les recettes des travailleurs à l'étranger». «Là aussi, le taux de croissance pour ces pays va baisser. C'était entre 5 et 6% l'année dernière et on parle maintenant d'un taux de croissance autour de 3%» explique-t-il. Globalement, soulignera le représentant du FMI, «pour les cinq pays du Maghreb, c'est une baisse de 5,5% en 2008 à 2,7% actuellement. Donc, là encore à peu près, c'est une réduction de moitié». Sur sa lancée, il estime que l'impact paraît important «parce que toutes les analyses qu'on a faites ont confirmé que le problème du chômage est extrêmement important. Et cela est vrai pour tous les pays maghrébins, surtout le chômage chez les jeunes. Vous savez, cela atteint parfois les 25 à 30%. Donc, les estimations qu'on a faites montrent qu'il faudrait que nos pays réalisent des taux de croissances de 6 à 7% mais pour une longue période pour créer les emplois etc. Malheureusement, si le taux de croissance baisse, nous allons autour de 2,5%. Cela veut dire que le chômage va persister. D'où l'impact sur le niveau de vie, etc.» C'est pourquoi, M. Tahari pense que «tous les pays doivent tenir compte de tout cela». «Ce qui est extrêmement important, juge-t-il, c'est de continuer les réformes et de préparer pour la période après crise. Puisque cette crise tôt ou tard va s'arrêter en fonction, bien sûr, de tout ce que les pays du monde vont faire, surtout les pays avancés, notamment en ce qui concerne les mesures économiques et les réformes, les chantiers qui sont en cours dans tous les pays, un système financier solide et les investissements productifs et de qualité. Tout cela va aider à la réalisation du taux de croissance.» S'agissant des secteurs qui pourraient contribuer à la réalisation d'une complémentarité maghrébine, il dira que «si l'on passe très rapidement des quatre conférences qui ont été organisées avec l'assistance du Fonds et même la participation du directeur général du Fonds, la première conférence était à Alger en 2005 sur la facilitation du commerce et, durant deux journées de discussions au plus haut niveau, il y avait les ministres et les gouverneurs des Banques centrales, l'accent a été mis sur différents secteurs. Cela peut aider tous les pays pour essayer d'améliorer le commerce entre eux. Le commerce entre les cinq pays ne dépasse pas les 2 ou 3%. Le fait de passer de 3 à 10% va permettre à tous les pays de créer plus d'emplois». Le représentant du FMI note, par ailleurs, qu'un système financier solide est essentiel pour toutes les activités économiques. Le rôle du secteur privé également a été débattu lors d'une conférence. Somme toute, il considère qu'il y a plusieurs chantiers dans les infrastructures ou dans d'autres domaines qui peuvent contribuer à l'émergence d'une économie régionale solide. Au sujet des questions politiques au Maghreb, M. Amor a précisé qu'«au FMI, nous nous occupons des dossiers économiques et non des dossiers politiques. Néanmoins, il ne faudrait pas laisser les aspects politiques, il faut laisser cela aux politiciens, mais il est possible d'avancer sur les dossiers économiques parce qu'ils bénéficieront à tout le monde». «Il ne faudrait pas, à mon avis, utiliser les causes politiques», a-t-il souligné en ajoutant que la question principale est que l'intégration régionale économique apportera comme projets communs qui bénéficieront à tout le monde créeront de l'emploi. «Et franchement, a-t-il conclu, je pense que l'intégration économique régionale n'est plus un choix mais une nécessité.»