Synthèse de Smaïl Boughazi La région du Maghreb n'est pas épargnée des effets de la crise économique mondiale. C'est le constat qu'ont dressé, le week-end dernier à Tunis (Tunisie), les participants aux travaux de la 12e Conférence des présidents de banques maghrébines, en présence de cadres du Fonds monétaire international (FMI). Les répercussions de cette crise sur les économies de la région sont résumées, selon des communications présentées par des représentants du FMI, de la Fédération bancaire française, de la commission économique pour l'Afrique, et de la Banque africaine de développement, à travers la baisse notamment des prix et de la demande des produits d'exportation, des recettes du tourisme, des transferts des travailleurs résidant à l'étranger, et de l'investissement direct étranger (IDE).Dans la foulée, le FMI, dans son rapport présenté à la même occasion, a fait savoir que malgré ces effets la région continuera à enregistrer une croissance positive estimée à 2,7% pour 2009.Les pays de la région, qui n'ont pas été très exposés, du fait de la structure de leurs économies, aux actifs toxiques à l'origine de la crise, ont, grâce aussi aux réformes introduites et à leurs politiques financières et macro-économiques, mieux résisté que d'autres aux chocs extérieurs engendrés par la crise financière internationale, a mis en exergue le document de l'institution multilatérale. Le document présenté par le directeur adjoint du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, M. Amor Tahari précise que les projections de croissance pour le Maghreb passent de 4,4% en 2008 à une prévision de 2,7% en 2009, avant de pouvoir rebondir vers une moyenne de 3,9 % de croissance en 2010. Comparativement, ces projections font état, pour la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), d'un recul prévisionnel de ce même taux de 5,7% en 2008 à 2,6% en 2009, soit une perte substantielle de 3 points de pourcentage, avant de remonter à 3,6% en 2010.Pour le cas de l'Algérie, M. Tahari a souligné que la baisse du taux de croissance a été entraînée notamment par la conjoncture mondiale ayant affecté le secteur des hydrocarbures, et que sa croissance hors hydrocarbures, bien que relativement faible, est restée tout de même aux alentours de 5% parce que, a-t-il dit, «la politique d'investissement a été maintenue». Il poursuit que les défis d'après crise consisteront, à l'exemple de la démarche entreprise par notre pays où d'importants efforts sont orientés vers la relance économique, à favoriser les politiques d'investissement, dans la perspective pour la région de maintenir l'objectif de réalisation de 6 à 7% de croissance annuelle.A signaler, par ailleurs, que la conférence des banquiers maghrébines s'est tenue en marge des travaux de la 37e session du conseil d'administration (CA) et de la 10e session de l'assemblée générale de l'Union des banques maghrébines (UBM).Ces assises portent, selon l'ordre du jour, sur l'examen et l'adoption notamment du procès verbal de la 36e session du CA et de la 9e session de l'AG, de leurs rapports d'activités pour les exercices 2007-2008, du budget de l'exercice 2009, de la composition de ses trois commissions permanentes, de l'élection du nouveau président de l'UBM pour la période 2009-2011 et du mandat du secrétaire général, d'une durée de 3 ans assuré par rotation. Créée en décembre 1990 à l'initiative des présidents de Banques des 5 pays de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Tunisie, Libye, Maroc et Mauritanie), l'UBM a pour mission principale, au niveau maghrébin, de renforcer la coopération et l'intégration bancaire et financière. Elle compte actuellement 60 membres statutaires et prévoit d'élargir l'adhésion aux établissements financiers résidant dans les pays du Maghreb : fonds et sociétés d'investissement, sociétés de leasing, de factoring, de monétique etc. S. B.
Le Maghreb confronté à une montée du chômage «Quelque 500 000 emplois seront nécessaires pour maintenir les taux de chômage à leurs niveaux actuels, un objectif difficile, sinon impossible dans le contexte de crise». Cette recommandation émane de M. Amor Tahari, directeur-adjoint du FMI pour l'Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale lors de la présentation d'un rapport à Tunis. La même source a affirmé que les régions d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient risquent d'être confrontées à une montée du chômage malgré des projections de croissance positive à plus de 2,5% en moyenne pour 2009. «Le chômage risque de s'intensifier et il faudra accélérer la création d'emplois pour ne pas aggraver les taux de chômage», note le document du FMI. Au même titre, le FMI recommande de renforcer les bases d'une croissance durable, de centrer les dépenses sur la capacité de production de l'économie, d'améliorer le climat des affaires et de renforcer le système financier. Peu intégré au système international, le Maghreb a été épargné par l'impact direct de la crise mais les effets indirects se sont traduits par une réduction de moitié des taux de croissance prévus en 2009. Le rapport estime, globalement, que les «fondamentaux économiques demeurent robustes» pour l'ensemble de la région avec des niveaux de réserves encore élevés, notamment dans les pays producteurs de pétrole.