Un jubilé pour Mustapha Zitouni, il était temps et sans doute même un peu tard. Tard parce que, au-delà de la bonne et salutaire foi des initiateurs de cette manifestation, il y a lieu de noter que ce jubilé intervient à un moment où l'arrière central de la glorieuse équipe du FLN se trouve être dans un état de santé critique devenu insoutenable justement par la situation sociale non moins critique que traverse l'enfant terrible de Saint-Eugène (Bologhine). Autrement dit, l'inénarrable Mustapha qui, avec une bande de copains pétris d'un talent longtemps exploité par les plus grands clubs français des années 50, avait alors décidé de tout laisser tomber, entre argent, gloire et sécurité, pour répondre à l'appel du devoir et prendre part à la révolution algérienne dans les rangs de l'équipe du FLN, n'a pas échappé, à son tour, à un statut social qui semble s'abattre sur un grand nombre d'anciens sportifs comme une malédiction, sinon une fatalité. Un syndrome national aussi qui se nourrit et puise sa force dans l'ingratitude des humains. Un peu tard, parce que ce gentleman qu'est Zitouni aurait certainement souhaité se passer du secours de la presse et de ses écrits et garder intact cet orgueil sans lequel il n'aurait jamais réussi à bâtir cette personnalité plus que respectable qui avait fait de lui l'un des meilleurs arrières centraux de sa génération, le maître à jouer de la sélection française qualifiée pour le Mondial de 1958 qu'il avait déserté pour le plus beau des idéaux : l'Algérie. Tout comme ses compagnons de l'équipe du FLN, il a tout donné et, forcément, il méritait le plus beau des jubilés. On ne sait pas si celui prévu pour demain a le sens plein d'un hommage rendu à une légende du football ou bien s'il a le sens incommodant d'un soutien social. L. I.