Le diabète se développe de manière inquiétante dans les pays maghrébins. En Algérie, en Tunisie comme au Maroc, le diabète est un véritable problème de santé publique. A ce propos, les spécialistes qui ont participé au séminaire, dont les travaux ont débuté vendredi dernier à Alger, et qui est organisé par la Fédération maghrébine d'endocrinologie et diabétologie, ont révélé qu'au moins 10 % de la population du Maghreb arabe âgée de plus de 30 ans est atteinte du diabète de type 2. Cela démontre donc tout le danger que fait peser le diabète sur la santé des Maghrébins. Dans ce contexte, les spécialistes ont appelé à la prise en charge du diabète dans les pays maghrébins à travers l'élaboration d'une «stratégie nationale dans chaque pays qui commence par la sensibilisation de la population». Une mesure aujourd'hui essentielle si on veut endiguer les ravages du diabète dans l'ensemble des pays maghrébins. Pour sa part, le secrétaire général de l'Association algérienne de diabétologie, le Dr Abdelaziz Daoud, n'a pas manqué de souligner que le diabète de type 2 est «très grave», car il cause le décès de 60 à 70% des malades en raison des problèmes cardio-vasculaires. Par ailleurs, les personnes atteintes de diabète de type 1 sont exposées à l'insuffisance rénale et à la cécité, a-t-il indiqué encore. Concernant la prise en charge des diabétiques en Algérie, le Dr Daoud a déploré que nombre d'entre eux soient soignés à l'intérieur du pays par des médecins généralistes alors que leur formation est insuffisante et ne répond pas aux recommandations mondiales. S'agissant des techniques utilisées par les médecins pour le suivi du diabète, connues sous le nom de HBA1C, notre interlocuteur a indiqué qu'elles sont moins avancées que celles utilisées dans les pays développés. A ce sujet, le Dr Daoud appelle les autorités publiques à développer ces paramètres en vue d'une bonne prise en charge des diabétiques dont le nombre a atteint les trois millions de personnes en 2008, soit quelque 8% de toute la population algérienne. Certes, en Algérie, toutes sortes de médicaments pour diabétiques sont commercialisés sur le marché et remboursés par la Caisse de sécurité sociale, mais il n'en demeure pas moins que les complications du diabète constituent aujourd'hui un véritable souci pour les praticiens, selon lesquels les diabétiques présentent de plus en plus de lésions. En ce sens, les spécialistes soulignent que les amputations majeures sont réalisées chez un malade sur six et que les décès présentent un taux pouvant aller jusqu'à 9% des diabétiques. Cependant, les 600 médecins qui ont pris part aux travaux de la Fédération maghrébine d'endocrinologie et de diabétologie, ne cessent de plaider pour une hygiène de vie afin de combattre le diabète et son expansion terrifiante. A ce titre, le président de l'Association tunisienne d'endocrinologie, le professeur Al Arbi Chaïb, a mis en garde contre l'accroissement du taux de prévalence de l'obésité, facteur déclenchant du diabète, dans les pays du Maghreb, qui est à imputer aux changements des habitudes alimentaires. Pour ce spécialiste tunisien, la lutte contre le surpoids et l'obésité, qui sont souvent à l'origine de cette maladie, constitue une urgence. Rappelons enfin que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a tiré la sonnette d'alarme concernant la prolifération du diabète qui touche aujourd'hui 370 millions de malades de par le monde. Le plus grand nombre de ces malades se trouve dans les pays en voie de développement. A. S.