La colère gronde chez les usagers de train. Chaque jour, les retards des locomotives s'accumulent, pénalisant ainsi des milliers de nos concitoyens qui prennent quotidiennement ce moyen de transport pour se rendre à leur travail. «J'en ai marre de ces retards ! Cela fait des années que je prends le train, et c'est à chaque fois la même galère. Le train est rarement à l'heure. Souvent, il est carrément supprimé sans que l'on soit avisé ! On doit dès lors attendre le prochain train pour espérer rejoindre nos lieux de travail», confie avec beaucoup d'amertume Ahmed, 45 ans, qui se lance, en désespoir de cause, dans une violence diatribe contre les agents de la gare de Gué de Constantine, lesquels sont quotidiennement l'objet de l'irritation des usagers. Ces derniers ne supportent plus de subir cette situation. «A cause de ces retards, j'ai failli me faire licencier par mon patron. Il ne comprenait pas que c'était indépendant de ma volonté. Le train de 8 h 00 arrive presque toujours en retard. Idem pour le train de 8 h 45, dont les retards peuvent dépasser une demi-heure. On nous parle de modernisation et de grands projets alors que leurs trains n'arrivent même pas à l'heure», témoigne un autre usager qui nous parle également de problèmes d'insécurité de plus en plus fréquents dans les trains à traction diesel, lesquels sont désormais désertés par les agents de sécurité de la SNTF plus nombreux dans ceux nouvellement acquis. Ces derniers bénéficient de toute l'attention de la SNTF qui semble avoir abandonné les anciens à leur sort, même s'ils sont encore empruntés par des milliers d'usagers. Face à cette sempiternelle colère des usagers, la direction de la SNTF accuse toujours «les citoyens qui détériorent les installations électriques», signale un responsable qui précise : «Le conducteur ne peut pas prendre le risque d'engager sa locomotive si la signalisation est au rouge». Toutefois, cette réponse «technique» ne semble pas suffisante pour expliquer toute la confusion qui règne dans les gares. Dans ce contexte, d'autres responsables que nous avons approchés finissent par reconnaître : «Parfois, le réservoir n'est pas plein. Donc, le train ne peut pas partir, ce qui aboutit à un retard». D'autres raisons sont soulevées telles que les passages à niveau clandestins. «Sur la ligne Alger-Oran, nous avons recensé pas moins de 100 passages à niveau clandestins. Les gens construisent à proximité des voies ferrées et les empruntent sans aucune précaution. Nous avons saisi à maintes reprises les services de sécurité pour les alerter sur les dangers que courent ces personnes inconscientes. Malheureusement, rien n'est fait pour endiguer ce phénomène qui prend de l'ampleur sur tout le réseau. En conséquence, nos trains sont amenés à réduire leur vitesse et observer sans cesse des haltes pour éviter les accidents. Ce qui se traduit par des retards importants qui chamboulent complètement les horaires d'arrivée», révèle M. Rahmouni, responsable de la direction de la clientèle de la SNTF. L'infrastructure ferroviaire datant de l'époque coloniale est également pointée du doigt. Mais, à ce propos, des efforts considérables ont été consentis, en consacrant des enveloppes budgétaires conséquentes pour la modernisation de cette infrastructure. Plusieurs projets sont d'ailleurs en cours. Néanmoins, l'acquisition des derniers autorails et automotrices n'a pas amélioré pour autant le trafic ferroviaire, qui demeure très perturbé par ces retards successifs. Il faut savoir qu'il existe, au niveau de la direction régionale, un service de suivi des trains de banlieue qui contrôle les départs et les arrivées. Ces techniciens ont pour tâche de signaler à la direction générale tous les retards et autres suppressions de train. Ils font quotidiennement des rapports en se basant sur le rapport du chef de train qui signale le moindre retard, sa raison, la gare ou le lieu du retard. Chaque train est contrôlé une première fois au niveau du dépôt, ensuite, lorsqu'il rejoint la gare de départ, une équipe technique effectue un deuxième contrôle. Lorsque celle-ci constate une anomalie, elle préfère annuler le départ, indique-ton. Le problème, c'est que les usagers sont rarement informés de ces déboires. Aujourd'hui encore, la communication demeure toujours le parent pauvre de la SNTF. A. S.