Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Les gares ferroviaires sont toujours fantomatiques. Le mouvement de débrayage des cheminots ne faiblit guère et leur mobilisation à travers le territoire national continue de prendre de l'ampleur. A Alger, en tout cas, les trains de banlieue n'ont pas repris le service, pénalisant ainsi des milliers de citoyens qui empruntent ce moyen de transport quotidiennement. Il faut savoir que pas moins de 60 000 citoyens prennent chaque jour le train à Alger pour se rendre sur leur lieu de travail. Aujourd'hui, cette énième grève des cheminots a créé une crise de transport inextricable. Face à cette situation, la direction de la SNTF a lancé hier un appel pour raisonner ses travailleurs en les priant de bien vouloir reprendre le service au nom de l'intérêt public. «Des milliers de nos citoyens sont pénalisés. Je pense particulièrement aux étudiants qui sont en pleine période d'examen et qui ont besoin crucialement des trains pour pouvoir se rendre à leur université. Nos travailleurs n'ont pas à prendre en otages les citoyens», nous a confié hier Noureddine Dakhli, directeur des ressources humaines de la SNTF. Notre interlocuteur s'est montré rassurant quant à une éventuelle reprise, mais il reconnaît tout de même que les négociations avec les représentants des cheminots ont du mal à avancer. «Nous maintenons les discussions. L'entreprise est dans une situation financière délicate et elle ne pourra pas satisfaire facilement certaines revendications. Nous sommes donc en train d'étudier des solutions pour sortir de cette crise», explique encore M. Dakhli qui dit faire tout son possible pour assurer le service minimum, lequel n'est, malheureusement, toujours pas en vigueur du côté des gares. Pour leur part, les cheminots grévistes durcissent davantage le ton et refusent de reprendre le service tant que des documents officiels ne sont pas signés. «On en a marre des fausses promesses. Cette fois-ci on ne lâchera pas prise. S'ils ne nous donnent pas nos 25% d'augmentation, les trains resteront à l'arrêt», avertissent de nombreux conducteurs de train que nous avons interrogés hier. Ces derniers nous ont assuré par ailleurs qu'aucun train ne va démarrer des gares si les négociations demeurent dans l'impasse. Celles-ci, après trois jours de protestation, n'ont abouti à «aucun compromis», entre les deux syndicats des cheminots et la direction de la SNTF, a indiqué encore Djamel Bechikhi, secrétaire général chargé de la communication de la Fédération nationale des cheminots (FNC). «On est au point zéro, aucune négociation n'a été engagée avec la direction de la SNTF», a-t-il ajouté, avançant que le taux de suivi de la grève «a atteint 95%, dès le premier jour». De son côté, le secrétaire de la section syndicale de la gare Agha, Abdelhak Boumansour, a dénoncé l'attitude de la direction générale de la SNTF, estimant que «les travailleurs ne demandent que l'application de la loi». «L'article 52 de la convention collective stipule que le salaire du cheminot ne peut être inférieur au SNMG or, a-t-il précisé, il y a des ouvriers qui perçoivent un salaire de base de 12 000 dinars.» Enfin, la colère qui gronde chez les cheminots risque bel et bien de durer. Aujourd'hui, un bras de fer opposant la direction générale de la SNTF à ses employés semble, visiblement, inévitable. Une seule question reste dès lors en suspens : jusqu'à quand cela va-t-il durer ?