De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le tribunal criminel d'Oran a condamné, hier mardi, le dénommé Laarech Fethallah, alias El Hindi, âgé de 34 ans, à vingt ans de réclusion criminelle pour les chefs d'inculpation d'importation et exportation de stupéfiants et contrebande. Selon l'arrêt de renvoi, les faits de cette affaire remontent au mois d'avril 2006 lorsque, grâce au travail effectué par un agent infiltré à l'intérieur d'un réseau de trafic de drogue, les services de sécurité d'Oran ont procédé à l'arrestation de deux individus, présumés membres d'une organisation spécialisée dans l'importation de kif depuis le Maroc. L'arrestation, qui a eu lieu dans la daïra de Es Sénia, n'avait pourtant pas fonctionné comme prévu : à l'origine, l'opération devait se dérouler sans accros et permettre de neutraliser trois personnes, dont le baron Laarech Fethallah. Celui-ci et ses compagnons, en route à bord d'un véhicule pour une rencontre avec de potentiels acheteurs, organisée par l'agent infiltré, ont, pour une raison indéterminée, soupçonné le piège et pris la fuite juste avant d'arriver au lieu de rendez-vous. S'en est suivi une course-poursuite à travers la localité de Es Sénia, qui s'est terminée par l'arrestation des fuyards, exception faite du baron qui a réussi à se volatiliser, et la saisie de plus de 80 kilogrammes de kif. Avant d'être jugés et condamnés pour trafic de drogue, les deux accusés sont passés aux aveux et indiqué que El Hindi, qui résidait à Maghnia, était l'importateur de la drogue : «Notre rôle consistait uniquement à transporter la marchandise du vendeur à l'acheteur, avaient-ils soutenu. Nous touchions 1 000 dinars par kilogramme de kif transporté.» En possession de ces informations, les enquêteurs se rendent dans la ville de Maghnia et perquisitionnent le domicile de Laarech : hormis une petite quantité de kif (environ 200 grammes), 500 comprimés psychotropes et quelques voitures, ils mettent la main sur 90 boîtes de fil chirurgical, une découverte qui les laissent perplexes… Quelques mois plus tard, lorsqu'il se rendra aux forces de sécurité pour faire opposition à sa condamnation par contumace à la perpétuité lors du premier procès, Laarech Fethallah avouera que le fil chirurgical servait de monnaie d'échange avec ses fournisseurs marocains ; la drogue qu'il introduisait sur le territoire national était, selon ses étonnantes déclarations, était payée en fil chirurgical.Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public requerra, avec la plus grande vigueur, la prison à perpétuité suivant les termes de la loi 19 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes.Après délibérations, le tribunal criminel condamnera Laarech Fethallah, alias El Hindi, à vingt ans de réclusion criminelle.