On aurait aimé que les choses se passent autrement. Mais que faire quand on ne dispose pas des moyens de ses rêves ? La Fédération des journalistes algériens est née après une grossesse nerveuse qui aura duré plusieurs années. Après tant de fausses de couches qui auront altéré une matrice pourtant fertile, après le MJA, l'AJA, le SNJA et le SNJ, la FNJA voit le jour sous le parrainage de l'UGTA. L'avenir et le devenir de ce dernier-né dépendent de ce que ses adhérents voudront en faire. Les organisations précédentes ont été livrées à des directions qui les ont vidées de leur sens, de leur substance, qui les ont détournées de leurs objectifs initiaux, pour en faire des appendices d'appareils politiques ou du pouvoir, abandonnant ainsi une corporation à l'atomisation, à l'éclatement, à l'errance dans un contexte socio-économique difficile. Le Conseil d'éthique et de déontologie, le mort-né de la manipulation politicienne, n'a jamais rien fait pour la corporation. Comment peut-il faire quoi que ce soit puisqu'il n'est pas l'émanation d'un consensus de la corporation, mais le produit d'une fuite en avant insensée et de calculs mesquins qui ont violenté le principe même de l'éthique. Depuis toujours, l'éthique de la profession est laissée à la seule appréciation des pouvoirs publics, des tribunaux et d'un code de l'information qui s'applique selon les humeurs. Il n'est jamais trop tard pour agir et se prendre en charge, même sous une tutelle. Un syndicat affilié à l'UGTA, c'est mieux qu'un syndicat qui a une indépendance illusoire. Ce dont les journalistes, notamment la nouvelle génération, ont besoin, c'est d'un instrument qui défende leurs intérêts matériels et moraux et non d'une officine qui se manifeste occasionnellement pour organiser des manifestations sportives à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, d'une structure qui les regroupe, qui renoue le dialogue entre toutes les composantes de la corporation sans exclusive, sans distinction de tendances politiques, ni de langue, ni d'organe, ni de toute autre considération de quelque ordre que ce soit pour peu que le journaliste observe scrupuleusement les principes cardinaux ayant permis à cette profession d'occuper le haut du pavé sous d'autres cieux. Il revient donc à la profession de redéfinir ces principes. La FNJA peut servir de catalyseur pour tous les professionnels de l'information pour se concerter et rédiger cette charte tant attendue et qui tarde à venir. Si les éditeurs sont appelés, eux aussi, à se structurer pour défendre leurs intérêts et pour offrir à la FNJA naissante un interlocuteur collectif, ils n'en sont pas moins concernés par cette charte d'éthique et de déontologie qui pourrait donner un nouveau souffle à la presse algérienne et présiderait à sa renaissance. Les pouvoirs publics, à travers le président de la République, ont exprimé leur disponibilité à assainir l'atmosphère qui règne depuis un certain temps entre la presse et les autorités, et aider le secteur à se restructurer et assainir ses rangs et son environnement. Des journalistes ont pris l'initiative de s'organiser. C'est au tour des éditeurs de le faire afin que la corporation puisse aller vers des états généraux représentatifs et sortir avec des propositions opérationnelles pour une réelle mise à niveau de la presse algérienne. A. G.