De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Il est difficile de résider à Constantine sans se poser la sempiternelle question des loisirs, particulièrement, selon la coutume de la ville, au printemps. Où peut-on casser la monotonie de la semaine ? Les alternatives qu'offre un pique-nique sont presque réduites à leur éternel emplacement : les deux forêts existantes malgré les altérations qui les ont affectées. Les légères hausses de température synonymes de printemps auront poussé les Constantinois à se mettre au vert durant le week-end. Djebel Ouahch, El Meridj et à un degré moindre les prés au bord de l'autoroute menant à Aïn El Bey (aéroport) constituent la verdure prisée. Mais les années passent et se ressemblent quand il s'agit d'évoquer l'embellie consacrée à ces lieux du moins pour les deux premiers. Située sur les hauteurs de la ville, la forêt de Djebel Ouahch, s'étalant sur une superficie de 18 hectares, renferme toutes les spécificités d'un espace vert. La beauté naturelle L'air pur étant associé à la splendeur du paysage, la faune et la flore se côtoient amicalement quoique cette liaison ait été dénaturée ces dernières années par la machine humaine insensible au vert. Et de surcroît délaissée à l'état sauvage au sens propre du mot, car le reflet d'une forêt sauvage émet un tableau naturel sans fioriture causée généralement par le béton… Cependant, ce contraste n'a pas pris le dessus sur une nature résistante et épiée par l'organisme chargé de la conservation des forêts. Des familles se baladent aux alentours des lacs qui s'y trouvent. Tandis que des bambins tentent de pêcher des têtards à l'aide de bouteilles en plastique en scrutant quelques passages de canes. Alors que d'autres visiteurs venus même des cités limitrophes prenent place sous un cèdre et étalent leur couverture pour un pique- nique comme au bon vieux temps où les forêts servaient de moment de pure détente et de quiétude. Parc en dépérdition Le football et le jogging y sont quasi présents. Une nouveauté qui ne dérogera pas aux mauvaises habitudes prises au centre-ville a élu domicile au niveau de l'esplanade pour voitures et pour taper dans le ballon. Un parc «imaginaire» a été initié pourtant et la brigade de la gendarmerie se trouve sur place et fait des rondes. A vrai dire, le site aura perdu de ses vertus en dépit d'un organisme qui veille au grain, la conservation des forêts. De plus, les responsables chargés de raviver la verdure à Djebel Ouahch n'ont pas été rigoureux dans la prise de décision. Sinon comment expliquer les latences observées en ce qui concerne l'évacuation ou l'éradication des ossatures en béton qui viennent fausser le décor de la verdure. Plus d'une année a passé depuis le verdict prononcé à l'encontre des réfractaires, mais les traces des gros œuvres persistent. Une situation qui laisse supposer que l'espace est livré à lui-même. Seule une sentence environnementale de la tutelle pourrait faire bouger les choses. Au demeurant, les Constantinois continuent de rompre leur monotonie en ce lieu dès lors qu'ils n'ont pas d'autre alternative face au grand fossé les séparant des moyens de loisirs et de distraction. C'est l'ultime recours pour sortir du stress de la semaine. Laisser-aller et incivisme «Si les autorités locales se sont vraiment penchées pour aménager le site, la population ne se plaindra que peu sur la rareté des endroits de relaxation…», fera remarquer un septuagénaire adepte du vert et de cet endroit qui le connaît avant que la main indocile de l'homme et les largesses de l'administration ne l'aient altéré. Constantine renferme également un autre paradis terrestre situé à quelques encablures de la commune d'El Khroub. Il s'agit de la forêt El Merridj. Le même sort étant réservée à celle-ci. Non par la dégradation des lieux, mais par l'absence de sa prise en charge. A commencer par la route, cabossée, cassée… qui y mène tout droit. «C'est aberrant, aucune municipalité n'a songé à rafistoler ce tronçon routier depuis des décennies…» martèlent les citoyens. A El Meridj, il y a un parking gardé où les randonneurs peuvent laisser leur véhicule moyennant quand même 50 DA… Une fois les pieds dans l'herbe, les enfants se dirigent vers de vieilles balancelles. Là aussi faut-il faire une halte sur le gâchis. Autrement dit, le site pourrait être rentabilisé si les initiatives abondaient. Pour l'heure, il est sauvegardé par les muses de la nature -faut–il encore croire aux légendes- et par les conservateurs des forêts de wilaya. Tant que la couleur verte prédomine dans le décor, les familles avides de changement prisent les pâturages. Bien qu'à quelques degrés à l'est, en contrebas de la forêt évoquée, on pourra apercevoir un bon tronçon qui émerge. L'autoroute Est-Ouest s'incruste dans le panorama de la nature. Djebel El Ouahch cumule son passé en dur et El Merridj vient de faire les frais d'une atteinte lointaine au panorama. Les fidèles au vert devraient s'immiscer davantage dans la préservation de l'environnement.