De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Le développement des zones frontalières de l'ouest de l'Algérie est à l'ordre du jour au niveau du Haut Commissariat du développement de la steppe (HCDS). Une importante étude hydrologique vient d'être ficelée sur ce grand espace steppique de la wilaya de Tlemcen en vue de la valorisation et de la gestion rationnelle de ses immenses ressources en eau superficielles, insuffisamment exploitées sur l'ensemble du site.Intitulée «Développement rural agropastoral de la steppe de la wilaya de Tlemcen : valorisation des ressources en eau superficielles», cette étude fournit une masse d'informations techniques –hydrologiques, climatiques et autres- qui ont permis au HCDS-Ouest d'asseoir une stratégie d'intervention pratique pour être à même d'assurer «le développement et la préservation d'une économie locale durable basée essentiellement sur les ressources de l'écosystème steppique». La zone d'étude couvre quatre communes steppiques (Sidi Djillali, Bouihi, Aricha et El Gor) de la wilaya de Tlemcen, mais s'est particulièrement focalisée sur un vaste territoire de près de 2 900 km⊃2; au réseau hydrographique très ramifié, représenté notamment par le bassin versant de Dayet El Ferd qui constitue, «de fait, l'un des principaux réservoirs naturels de stockage des eaux de pluie, assurant à la fois la maîtrise des crues, la rétention des sédiments et des nutriments ainsi que la recharge des nappes phréatiques». «L'objectif recherché, soulignent les auteurs de l'étude, est de conserver la biodiversité sans oublier la prospérité économique des populations, car le maintien de la biodiversité d'un écosystème est l'un des aspects importants de sa stabilité socio économique. Cet objectif d'équilibre à atteindre est un défi qui se présente quotidiennement aux responsables des projets de conservation et de développement (HCDS) surtout dans les zones steppiques semi-arides de la région. […] Aussi, ajoutent encore les spécialistes, l'étude contribue-t-elle fort justement à la recherche de stratégies pratiques qui offrent la possibilité de conserver le milieu écobiologique tout en répondant aux besoins humains.» L'intérêt d'une telle étude, a-t-on indiqué, réside surtout dans le fait qu'elle a contribué significativement à la définition de perspectives claires quant à la réalisation de projets d'aménagement de petite hydraulique (digues, ceds, mares, retenues collinaires…) favorisant le développement agropastoral ainsi que le développement et la préservation des ressources naturelles faunistiques et floristiques dans la zone considérée. «L'étude, dira-t-on, a démontré que les eaux superficielles mobilisables dans cette région frontalière de l'ouest représentent un potentiel extrêmement important. C'est pourquoi, au HCDS, on a opté pour des petits ouvrages au lieu et place des grandes infrastructures hydrauliques qui coûtent très cher et nécessitent, par ailleurs, la création d'organismes parallèles pour en assurer le suivi et la réalisation. En plus du bas coût de réalisation de ces petits et moyens ouvrages (entre 2 et 3 millions de dinars et une durée de vie de 10 ans à un prix évalué entre deux et trois dinars le m3…), l'élément déterminant de ce choix pragmatique est la possibilité offerte au HCDS de mobiliser rapidement cette ressource, de la mettre aussitôt à la disposition des communautés pastorales et d'envisager ensuite l'extension de l'arboriculture fruitière rustique qui est la mieux adaptée au climat et au sol de la zone. Dans ce cadre précis, le HCDS se propose de réaliser un programme conséquent d'ouvrages de ce type avec un objectif de 80% d'eaux superficielles à mobiliser à l'horizon 2010, avec les capacités de mobilisation et de stockage (50 000 m3 par ced, 30 000 m3 par mare) dont dispose cette région avec, de surcroît, un maillage d'ouvrages bien répartis dans l'espace à même de densifier le réseau actuel, de rapprocher davantage les points d'abreuvement au cheptel, de prévoir l'extension de l'irrigation pour la plantation de l'arboriculture fruitière et d'entrevoir même le regroupement des éleveurs dans de futures localités à construire. A l'appui de son argumentaire, le directeur régional du HCDS-Ouest a exhibé une photo satellite de 2004 donnant un contraste saisissant des programmes mis en œuvre des deux côtés de la frontière. si paradoxal que cela puisse paraître, «les voisins marocains, fera-t-on remarquer à ce propos, ont réalisé un travail titanesque en matière de mobilisation des eaux de surface et réalisé de gros progrès dans les différents domaines de la pratique agricole à partir du seul captage des eaux de ruissellement qui se déversent de leur côté à partir du réseau hydrographique de notre pays. Du côté algérien, dans la zone de Magoura, où il y existe pourtant une retenue de plus de 1,4 million de m3 seul, le dixième de la capacité emmagasinée est utilisée pour la pratique de quelques cultures spéculatives en saison estivale.» En somme, c'est un véritable défi que se propose de relever le HCDS dans «ces zones frontalières ouest [qui] accusent encore, comme n'ont pas manqué de le relever les spécialistes, un retard évident en ce qui concerne la réalisation de certaines infrastructures de base.