Les travaux du conseil d'orientation du Haut-Commissariat au développement de la steppe se sont tenus finalement à huis clos, hier au siège de la wilaya de M'sila. Les badges, distribués la veille à la vingtaine de journalistes conviés à y assister, et le bus venu les chercher dans la matinée du samedi, n'auront servi à rien, puisque la presse a été écartée de la réunion et des débats. Ceux-ci devaient se rapporter, notamment sur les contraintes rencontrées par les cadres du haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS) sur le terrain, tels que “les labours illicites” et l'occupation “illégale” de périmètres, en particulier les terrains mis en défens placés sous l'autorité des APC, ainsi que le non-respect, par certaines mairies, du montant des locations des espaces de pâturage et les conflits ayant éclaté au grand jour entre des tribus. Lors d'un point de presse de près de 20 minutes, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui est le président du conseil d'orientation, a justifié la marginalisation des journalistes par le fait que “la salle est un peu étroite”, non sans préciser qu'“on n'avait rien à cacher”. M. Saïd Barkat a préféré s'en tenir aux “résultats intéressants”, en annonçant la participation de 18 membres du conseil (sur les 22 membres qui le composent) et l'adoption à “l'unanimité” de l'ensemble des recommandations. Le ministre a parlé d'ailleurs de “résultats positifs” concernant l'évaluation des activités menées par le HCDS dans les 23 wilayas steppiques. Pour preuve, sur les 7 millions d'hectares menacés par la désertification, près de 3 millions ont été récupérés, entre terrains mis en défens et parcours fourragers, en l'espace de 6 ans (2000-2005), a signalé M. Barkat. “Aujourd'hui, le conseil d'orientation se félicite des résultats du HCDS ; il a adopté un programme et ordonné un nouveau statut au haut-commissariat”, a indiqué ce dernier. Interrogé sur ses promesses relatives à la définition d'un statut de la ruralité ou du moins d'un statut des zones steppiques, et à l'institution du fameux “impôt intelligent” sur le cheptel, le ministre de l'Agriculture a promis de répondre à ces questions ultérieurement, en s'en tenant pour le moment au seul statut du HCDS. “Le statut du HCDS date de 1981, donc de 25 ans. Les choses ont changé, même le climat et les techniques de lutte contre la désertification de la steppe. La relation entre le hcds et les autres institutions doit changer”, a expliqué Saïd Barkat, rappelant que le haut-commissariat aura pour nouvelle mission de “faire participer les communes, comme il l'a fait avec les citoyens, et les universités des wilayas steppiques”. Le conférencier a insisté sur la phase actuelle qui exige, selon lui, “une maîtrise de nos richesses” afin d'aller vers “une rationalisation” de leur utilisation et “la sauvegarde du cheptel”. Plus tard, le haut commissaire, Belkacem Kassimi, a complété nos informations sur le nouveau statut du HCDS, en notant “plus de prérogatives” dans les missions de son organisme, dont “la formation pédagogique des APC”. “Un rôle pédagogique nous sera dévolu pour impliquer d'avantage les APC dans la prise en charge des problèmes et arriver à démultiplier les résultats”, a déclaré le responsable. Comme on voit, la question de la gestion des ex-terres archs, propriétés privées de l'Etat, est au centre des préoccupations du ministère de l'Agriculture et de son HCDS. En chargeant le haut-commissariat d'une mission pédagogique en direction du maire et de son staff, les autorités publiques veulent en finir, sinon réduire la logique tribale, encore influente, dans la steppe algérienne et… les calculs électoraux. H. A.