Photo : Riad Par Smaïl Boughazi C'est le «buzz» de la foire. C'est en ces termes que les organisateurs ont qualifié le premier Salon de l'exportation «Djazair export». Cet événement, organisé simultanément avec la 42ème édition de la FIA, a permis à plus de 2 600 professionnels de sillonner les stands des entreprises nationales publiques et privées. Ils sont 450 professionnels étrangers et plus de 200 professionnels algériens à s'intéresser de près à l'événement. Les organisateurs affirment que, grâce à une communication structurée et un «bouche-à-oreille» efficace, le salon a été un succès. Ils ont même souligné qu'un tel salon était une gageure, mais, attestent-ils, «c'est désormais un pari réussi». Le salon a pu concrétiser pas moins de 2 500 rencontres Business to Business (B to B) et une dizaine de visites de délégations officielles, notamment française, canadienne, mexicaine, italienne, etc. Mis a part ce bilan chiffré, il y a lieu de relever que cette première expérience a permis à bon nombre de privés algériens de nouer des contacts avec les sociétés étrangères et même d'être au fait des dernières techniques utilisées par les exportateurs et particulièrement les rencontre B to B. Celles-ci ont été organisées «en amont selon les méthodes internationales des forums de “Business rendez-vous” et préparées à l'avance sur la base d'un catalogue en ligne et de choix réciproques des participants», ont expliqué les organisateurs. Une méthode, ajoutent-ils, qui a apporté en Algérie «une nouvelle formule efficace et attendue qui a su séduire la majorité des entrepreneurs».Il y a lieu de dire ainsi que ce salon a pu attirer l'attention des entreprises algériennes sur ce gisement qui était jusque-là méconnu ou ignoré, exporter. Et de l'avis de certains chefs d'entreprises le produit algérien peut aisément se faire une place au soleil, mais ce qui manque, à leurs yeux, c'est la présentation du produit et le marketing.Il est utile de rappeler dans ce sillage que les exportations algériennes hors hydrocarbures se sont établies à 1,8 milliard de dollars en 2008 contre 734 millions de dollars en 2002. Elles demeurent loin des objectifs assignés par les pouvoirs publics. Selon les chiffres officiels, les produits dérivés du pétrole et les produits semi finis continuent de représenter plus de 70% de ces exportations, alors que les produits manufacturés, notamment agroalimentaires, ne constituent que 5%, soit un montant de 120 millions de dollars. Une faiblesse qui a incité les pouvoirs publics à mettre en place de nouvelles actions et, particulièrement, l'élargissement du dispositif d'accompagnement des exportateurs à travers la contribution au financement de certaines activités liées aux opérations d'exportation comme la prospection et l'étude des marchés extérieurs. Pour en revenir au Salon de l'exportation, il est à signaler que cette action initiée par Algex et Optime Export peut être un coup d'accélérateur pour les exportateurs locaux mais la question des capacités de nos industries a le mérite d'être posée. A-t-on les moyens de concurrencer des produits souvent façonnés pour le marché international et à des prix très abordables ? Des éléments qui ne trompent personne. Aujourd'hui, en effet, conquérir de nouveaux marchés n'est pas une tâche facile à moins que nos producteurs trouvent de nouveaux procédés pour vendre leurs produits.Sur ce sujet, il ne faut pas cacher que certains producteurs arrivent à exporter bien qu'ils rencontrent des obstacles sur le marché international. Ils parlent notamment de difficultés de placer sur le marché leur produit qui fait face souvent à «une concurrence sauvage».Tout de même, le potentiel de l'exportation est énorme, à en croire les dires de nos producteurs. De l'avis de certains agriculteurs, pour uniquement les fruits et légumes, on peut exporter en gros vers l'Europe. Un des membres d'Optime Export nous a indiqué qu'il exporte, à titre d'exemple, des quantités considérables d'abricots vers la France. Nous arrivons à exporter une bonne quantité d'abricots et nous comptons même augmenter nos capacités», se réjouit notre interlocuteur. Ce dernier ne mâche pas ses mots en évoquant le calibrage et la présentation du produit. Sur cette question, il affirme qu'une mise à niveau devrait être faite afin de permettre aux agriculteurs de produire selon les besoins du marché. Côté qualité, notre locuteur nous déclare : «Nos fruits et légumes n'ont rien à envier à ceux de nos voisins.» L'industrie du textile, en voie de disparition dans notre pays, peut aussi renaître de ses cendres, soutiennent d'autres industriels. C'est le cas d'une petite manufacture de Tlemcen qui ambitionne d'exporter cette année plus de 400 000 mètres linéaires de textiles vers le Maroc. Le P-DG de cette usine nous fait savoir que la qualité des produits est irréprochable. Ce qu'il faut revoir et réformer, selon ses dires, «ce sont les mentalités». Il affirme, en fait, que trois éléments peuvent changer la donne : la formation continue, la mise en valeur des compétences et l'innovation. Somme toute, les opérateurs économiques ont grandement affiché une volonté d'exporter ; reste maintenant la réponse des pouvoirs publics en ce qui concerne la mise à niveau, les obstacles bureaucratiques, la formation et le perfectionnement des ressources humaines, l'encouragement des producteurs mais, également, la mise en place de pôles industriels, etc. S. B.