Photo : S. Zoheïr Par Samira Imadalou La tenue de la 42ème édition de la Foire internationale d'Alger (FIA) et l'organisation en parallèle du premier Salon de l'exportation ont permis de relancer le débat sur le climat des affaires en Algérie et sur les modalités d'investissement de manière particulière. Et ce, d'autant que ces manifestations économiques ont coïncidé avec la publication au Journal officiel des décrets d'application des décisions concernant l'obligation aux importateurs étrangers établis en Algérie de faire participer dans leur capital des opérateurs algériens à hauteur de 30%. Les sorties du Premier ministre Ahmed Ouyahia notamment devant les sénateurs ont également permis de remettre les pendules à l'heure et d'éclairer certains points liés à la gestion de l'économie nationale. Une gestion dont les dernières décisions du gouvernement ont fait couler beaucoup d'encre. Il y a même eu des appréhensions de part et d'autre, notamment du côté des opérateurs économiques français à propos de ces mesures. Lesquelles se résument ainsi à titre de rappel : préférence nationale de 15% dans les marchés publics, association des entreprises nationales dans le capital des sociétés d'importation étrangères à hauteur de 30% ainsi que la détention par la partie algérienne d'une part majoritaire (pas moins de 51%) dans les investissements des sociétés étrangères. Mais, cette 42ème FIA a permis de dissiper un peu les craintes et de jauger les appréciations des participants. En effet, même si le but principal des hommes d'affaires étrangers à la FIA est plutôt d'ordre commercial à travers la recherche de distributeurs comme c'est le cas d'une entreprise italienne spécialisée dans les équipements industriels, nombreux sont les participants étrangers à la FIA qui disent être nullement inquiétés par la nouvelle réglementation algérienne en matière d'investissement. Edith Cresson, l'ancienne Premier ministre française et ancienne commissaire européenne qui s'est prononcé en tant que résidente de la commission économique de l'Association d'amitié France-Algérie, a dans ce sens qualifié le climat des affaires économiques en Algérie de «très positif», soulignant qu'il est «très réconfortant» et «allant dans le bon sens». Elle n'a pas fait allusion aux difficultés d'investissement en Algérie contrairement au représentant de la Chambre française de commerce et d'industrie. L'inquiétude est également loin d'être affichée par M. Jean-Pierre Gonon, président de la commission «Maghreb» du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). Pour le représentant des investisseurs français en Afrique, le taux de participation d'un investisseur au capital d'une entreprise «importe peu», pourvu que cela se fasse, a-t-il souligné, dans le cadre d'un «consentement mutuel et que cela soit entouré préalablement d'un pacte d'actionnaires qui soit par la suite respecté par les uns et les autres». Il s'agit surtout, selon le président du CIAN, de bien saisir les opportunités d'affaires et de partenariat entre les deux parties dans un cadre équilibré, c'est-à-dire dans des conditions positives pour les investisseurs français et algériens. En d'autres termes, des bases sont à mettre au profit de ces derniers, à l'exemple de l'amélioration de l'accès au foncier industriel et de l'accélération de la mise en place de mécanismes de financement spécialement dédiés aux PME. Les appréciations des exposants portugais, canadiens et asiatiques vont aussi dans ce sens. Certains d'entre eux estiment même que les nouvelles mesures sont intéressantes. C'est le cas d'un représentant d'une entreprise portugaise de fabrication d'équipements. Lequel a déclaré : «Ces nouvelles mesures gouvernementales sont plutôt favorables à l'économie algérienne et aux investisseurs, qu'ils soient algériens ou étrangers.» «Comment des mesures visant à protéger l'économie d'un pays et ses entreprises arriveraient-elles à dissuader les investisseurs étrangers de s'y installer ?» s'est interrogé pour sa part un autre participant asiatique. Chez les Américains dont 25 entreprises ont participé à la 42ème FIA, le temps n'est pas au recul, selon l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger qui a tenu à souligner que son pays n'a pas gelé les investissements en Algérie suite aux dernières mesures prises par le gouvernement. Du côté des participants arabes, pas de craintes à afficher également. Chez cette partie de participants à la FIA, l'intérêt s'est plutôt porté sur l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange (ZALE). Alors que les hommes d'affaires algériens ont fait part de leurs inquiétudes après l'entrée en vigueur de l'accord, les opérateurs arabes ont jugé importante cette étape qui permettra, selon eux, de renforcer la coopération économique interarabe. A titre illustratif, les opérateurs économiques jordaniens activant dans divers secteurs ont fait part de leur optimisme quant à l'adhésion de l'Algérie à la ZALE. Ce qui lui donnera plus de poids sur le plan économique à l'échelle arabe à travers une intensification et une diversification de ses échanges commerciaux dans cet espace. L'entrée de l'Algérie dans la zone de libre-échange «encouragera l'établissement de relations de partenariat» entre les opérateurs algériens et jordaniens, précisent ces derniers tout en se félicitant de «l'annulation des taxes douanières sur les marchandises échangées à même de favoriser la circulation de produits arabes à des prix concurrentiels». Pour rappel, les échanges commerciaux algériens avec les pays arabes dans le cadre de la zone de libre-échange, entrée en vigueur au début de 2009, ont connu une augmentation de plus de 61%, passant de 260 à 330 millions de dollars durant le premier trimestre.