Photo : Sahel Par M. Gemmill Ce que nous avons vu face à l'Egypte est prometteur : une équipe qui se bat sur tous les fronts, des joueurs fortement engagés et surtout un véritable esprit de conquérant. Encore une fois, les noms ont moins compté que la vocation collective. On l'avait souvent répété et cela ne tardait pas à être confirmé par les faits : l'équipe d'Algérie avait besoin de se relancer par le jeu et par la nécessité de s'adapter à une réalité qui peut dans un sens ou dans un autre lui échapper, mais qui devrait forcément lui servir de modèle et même de justification pour la mise en place d'une stratégie qui sera de toute évidence fortement imprégnée du contexte dans lequel elle se trouve actuellement. A l'approche de la CAN et du Mondial sud-africain, les exigences et les priorités sont de plus en plus à l'ordre du jour de la sélection. Il ne serait pas étonnant de voir Rabah Saadane et ses joueurs prolonger les étapes des retouches et des améliorations jusqu'au jour J. D'ailleurs, le travail et la recherche du meilleur n'en finissent pas. Ce que nous avons vu, mais aussi apprécié dimanche soir face à aux Pharaons est bel et bien prometteur : une équipe qui se bat sur tous les fronts, des joueurs fortement engagés et surtout un véritable état d'esprit de conquérant. Encore une fois, les noms ont moins compté que la vocation collective. Ce n'était pas l'influence des individualités mais plutôt le triomphe, si l'on ose dire, d'un jeu d'équipe et d'un comportement de groupe. On se demandait déjà avant le match si la sélection allait vraiment s'en sortir face au double champion d'Afrique. On s'interrogeait encore et on appréhendait les compétences d'une équipe fortement marquée par des prestations pas tout à fait convaincantes lors des derniers matches. Franchement, on ne s'attendait pas à voir les joueurs, dont la plupart n'étaient pas mieux outillés face à une équipe égyptienne formée de trentenaires, évoluer avec autant de rigueur et d'application. La manière dont Matmour, Ghezzal ou Djebbour avaient exprimé leur joie suite aux formidables buts qu'ils avaient marqués est très significative. Autant elle traduit la volonté et la détermination débordantes de joueurs en quête de confirmation, autant elle rappelle la nécessité de choisir et de placer les éléments susceptibles d'avoir le meilleur apport pour l'équipe. Une chose est sûre : plus que la mobilisation des joueurs, leur totale adhésion aux principes du groupe et de la collectivité impose un certain regard, une considération bien particulière pour cette équipe. On peut justement se contenter de deviner ses dispositions et ses capacités. Le regard qu'on pourrait lui porter ne peut pas être complètement vrai ou complètement faux. Mais on sait, sans risque de se tromper, que ses intentions et ses motivations sont celles d'une équipe avertie, réaliste dans ses ambitions et dans ses objectifs.La sélection algérienne a certainement gagné dimanche dernier le match qu'il lui fallait remporter. La signification d'un pareil résultat prend une dimension encore plus grande surtout quand on réalise que la victoire sur le représentant du Nil était fortement méritée. Il s'agit en fait d'une victoire convaincante conformément à ce que les joueurs avaient laissé entrevoir comme volonté et comme détermination. Mais au niveau de la manière, on se doit de constater qu'il y a encore à faire dans le développement du jeu, dans sa créativité et l'inspiration à travers laquelle il prend forme. On était vraiment étonnés de voir Karim Ziani assurer le rôle de stratège et d'organisateur du jeu de l'équipe. Les dispositions mais aussi les qualités de ce joueur ne lui permettent pas justement d'évoluer dans ce poste. Sa vocation est complètement différente de ce qu'on veut nous faire croire, ou encore de ce qu'on veut imposer à l'équipe. En football, il y a une règle qu'on ne peut ignorer quels que soient le contexte ou encore les considérations qui motivent le rendement de telle ou telle équipe : les acteurs sont loin de pouvoir dépasser leurs prérogatives. On n'est pas censé exiger un rôle spécial de tel ou tel joueur quand ils n'ont pas vraiment les moyens de le faire. Dimanche, Karim Ziani, qui a changé de poste, a donné satisfaction dans un registre différent de celui qu'on tient à lui coller. On ne comprend pas pourquoi on insiste sur une pareille option alors que la solution à laquelle on peut arriver n'est pas aussi difficile à deviner. La victoire et la manière dont la sélection s'est imposée devraient forcément soulager le sélectionneur. Au moment où l'équipe commençait à perdre son public du fait des prestations peu convaincantes lors des matches précédents, la voilà qui conquiert de nouveau les cœurs. Il était vraiment temps. Car peut-on imaginer une équipe ne disposant pas réellement de la confiance et de l'apport de son public. Dimanche au stade Mustapha Tchaker de Blida, la réconciliation était doublement significative. D'abord, elle remet l'équipe et les joueurs en confiance. Ensuite, elle traduit un état d'esprit qui fait tant plaisir, qui s'est notamment caractérisé par cette détermination à reconquérir son public. La sélection a et aura toujours besoin de ce genre de communion. Non seulement en prévision de CAN-Mondial 2010 mais aussi et surtout pour consacrer les principes de son épanouissement. Le contexte actuel se serait ainsi chargé de la recycler dans un inclassable rôle d'équipe prête à tout donner, à tout assurer sans la moindre retenue. Branchée de nouveau sur le mode de surpassement, elle devrait encore une fois disposer de la lumière dans ce qu'elle entreprend et ce qu'elle accomplit après s'être assez éclairée à la chandelle ces derniers temps ! Finalement, on se dit qu'il est des résultats, des réussites qui font plus plaisir que d'autres. Ce sentiment n'est pas injuste et ne peut pas être interprété comme un souci et une vision strictement étroits, liés à la forme et au rendement d'un jour, d'un match. Il repose plutôt sur des vibrations et une appréciation bien particulière du jeu et des joueurs.