De notre correspondant à Constantine A. Lemili Intoxications alimentaires… la hantise de tout le monde et de… personne. A commencer par ceux qui en sont directement sujets. Pour F. Z., officier à la retraite de la Protection civile, dont les services étaient rompus à l'urgence, «il n'y a pas que les feux de forêt qui constituaient l'essentiel de notre inquiétude en été, il y a également et surtout les intoxications alimentaires. Nous en étions les premiers informés, parce que les victimes estimaient que nous étions les plus prompts à réagir aux appels. Ce qui, quelque part, avait du bon dans la mesure où l'institution à laquelle nous avions appartenu disposait ces dernières années de moyens adéquats. Je parle évidemment des moyens d'intervention et de transport médicalisés. Je pense que la Protection civile a toutes les raisons de tirer satisfaction de sa contribution en ce domaine.» Centre hospitalo-universitaire de Constantine… un vendredi après-midi et bilan sommaire des cas d'urgence : «nous en sommes à 23 cas d'intoxications alimentaires en 24 heures. L'origine est diversifiée. La majorité est essentiellement constituée d'enfants et de jeunes dont le foyer qui a causé l'intoxication est vite connu, à savoir la consommation de sorbets, de crèmes glacées, de pâtisserie et de pizzas. Toutefois, nous avons remarqué, à mesure que passent les années, que les risques, jusque-là répertoriés à partir des fêtes familiales, s'estompent graduellement.» Un paradoxe s'agissant de l'atténuation des intoxications enregistrée au lendemain des fêtes familiales, qui trouve son explication dans le fait que de plus en plus les cérémonies se déroulent dans des salles des fêtes, lesquelles fournissent maintenant les prestations connexes, telle la préparation de plats… sucrés, salés, amuse-gueules et rafraîchissements. Sur ce plan-là, l'organisation est telle que les propriétaires et gérants de ces lieux prennent soin d'accorder un intérêt extrême à la qualité des produits acquis (légumes, fruits, et plus particulièrement les viandes… rouges et/ou blanches), aux conditions de transport, au stockage et au respect de la chaîne du froid si tel est le cas. Un maillage de conditions de sécurité alimentaire pratiquement imposé, compte tenu du fait que, dans de telles circonstances, tout avatar en ce sens est rapidement cerné et l'origine établie. Ce qui, en plus clair, conduit gérants et propriétaires de salle à prendre énormément de protection non par souci de responsabilité à l'endroit d'une clientèle, mais plus pour éviter un retour de flammes, dont les conséquences peuvent souvent être très lourdes autant pour la victime que pour celui qui en serait volontairement ou non la cause. Cela étant, demeurent gravement exposés les enfants, les jeunes et parfois les adultes, dont des femmes qui consomment, pour ne pas dire inconsciemment et allègrement, des produits dits légers ou rapides, parce que relevant de la restauration du même nom. «Les lieux de consommation sont connus : les étals sauvages à hauteur des établissements publics, notamment les hôpitaux, les agences et les centres de poste, de banque… et encore heureux que les établissements scolaires soient en vacances durant la période la plus… chaude dans toute l'acception du terme.» Et là se pose d'une manière cruelle l'absence d'un organe administratif à même de veiller sur la santé des citoyens en… veillant sur la qualité des prestations fournies en matière de restauration générale. Tous les risques sont possibles et ils peuvent souvent avoir une dimension dramatique hors du commun. Il suffirait, pour cela, de se souvenir de «l'affaire des bâtons de casher vendus dans la wilaya de Sétif en 1999 qui ont causé plus de quarante décès par intoxication». Est-il besoin de rappeler que la viande était prélevée à partir des carcasses d'ovins et de bovins morts dans des conditions douteuses, voire à partir de… chiens errants. Mais, au-delà de jeter seulement l'anathème aux organes de contrôle de l'Etat, il est impératif et honnête de stigmatiser l'inconséquence des consommateurs, comme il est utile de se poser des questions sur l'existence d'associations agissant en leur nom, lesquelles ne se manifestent que lors des renouvellements de mandats politiques pour apporter leur soutien au champion du moment.