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Le procès de dilapidation de 3 200 milliards de centimes de la BNA s'est ouvert hier 31 personnes comparaissent aux côtés d'Achour Abderrahmane, le principal accusé
Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Très attendu depuis l'éclatement du scandale, le procès de «l'affaire de la dilapidation de 3 200 milliards de centimes de la BNA» ou encore «affaire Abderrahmane Achour», l'ex-patron de la société privée National Plus et de trente et un autres accusés s'est ouvert hier au tribunal criminel Abane Ramdane près la cour d'Alger. Ces 32 personnes sont accusées, entre autres, selon l'arrêt de renvoi, lu toute la journée d'hier, d'association de malfaiteurs, d'imposture, d'établissement de chèques sans provision, de détournement de deniers publics et de faux et usage de faux en écritures publiques et bancaires. Le juge d'instruction a mis 14 d'entre elles, dont trois femmes, sous mandat de dépôt et 15 ont été placées sous contrôle judiciaire, alors que trois autres sont en état de fuite. Il s'agit du beau-frère de Achour Abderrahmane, Settouf Baghdad, de l'ex-directeur de l'agence BNA de Bouzaréah, Timidjar Omar et de Gueli Bachir. Les mis en cause, dont principalement l'industriel Achour Abderrahmane, (extradé du Maroc avec son associé Aïnouche Rabah et sa secrétaire en 2006), plusieurs cadres de la banque dont l'ex-PDG et des commerçants, sont poursuivis notamment par les articles 176, 177, 3, 42 et 43 du code pénal et risquent de lourdes peines. Dans cette affaire, qui a fait couler beaucoup d'encre de par l'importance du montant détourné et la facilité avec laquelle l'argent public a été dilapidé, l'expertise judiciaire a évalué le préjudice financier causé à la BNA à quelque 3 200 milliards de centimes. Le pot aux roses a été découvert en octobre 2005 à la suite d'un courrier anonyme alertant les plus hautes autorités du pays sur des mouvements de fonds suspects opérés entre 2000 et 2004 dans les agences de Koléa, de Bouzaréah et de Cherchell vers des comptes non alimentés de commerçants et de sociétés écrans et sans qu'ils ne soient mentionnés dans les registres bancaires. La première mission de contrôle interne, dépêchée par l'inspection générale de la BNA, n'a rien décelé d'anormal. Les services de la brigade économique d'Alger et de Tipasa, saisis au début de l'année 2004, sur instruction de la direction de la police judiciaire ont, en l'espace de trois jours seulement, classé le dossier, après avoir déclaré l'enquête infructueuse. Une année plus tard, une autre enquête a été ouverte sur instruction des plus hautes autorités. C'est cette dernière qui a permis la découverte des malversations. Une plainte a été alors déposée par la direction générale de la BNA. La technique utilisée pour subtiliser ces milliards était très simple, selon l'expertise qui a révélé que ces opérations n'auraient pu s'effectuer sans la complicité des cadres de la banque et des instances de contrôle. Près de 2 000 chèques ont été émis et encaissés par une société écran, National Plus et d'autres sociétés, dont l'associé de Achour était actionnaire, précise l'expertise. Des sommes colossales auraient servi également à l'achat du silence et de la complicité des autres accusés. Ces fonds ont servi à l'achat de billets d'avion pour des voyages et de luxueux cadeaux offerts à des responsables de la BNA dans le but de s'assurer de leur silence et de leur complicité. Mais aussi au niveau de la police puisque des cadres de la DGSN ont été accusée, dans un premier temps, de complicité dans une deuxième affaire liée à celle-ci et qui a été jugée dimanche dernier. D'autres chèques ont été encaissés par des personnes physiques au niveau de l'agence de Bouzaréah dont le directeur est actuellement en fuite à l'étranger. Ces opérations cavalières de chèques impayés, encaissés, ont tourné durant quatre ans entre les agences de Koléa, de Cherchell, puis entre les agences de Zighout Youcef et de Baba Hacène. Précisons enfin que Achour Abderrahmane a investi une bonne partie des fonds subtilisés au Maroc dans l'acquisition d'une usine d'emballage et d'une briqueterie à Kenitra. Aujourd'hui, l'audition des accusés commence.