Vingt-neuf accusés sur trente-deux ont comparu hier devant le tribunal criminel près la cour d'Alger, dans le cadre du scandale de la dilapidation de 32 milliards de dinars de la BNA l Parmi eux, Achour Abderrahmane, visiblement rassuré, et de nombreux cadres et dirigeants de la banque, dont l'ancien PDG. C'est à la salle 5 du palais de justice Abane Ramdane à Alger, siège du nouveau pôle pénal spécialisé, que le tribunal criminel près la cour d'Alger, a entamé le procès de Achour Abderrahmane et des dirigeants de la BNA, pour avoir détourné et dilapidé 32 milliards de dinars des comptes de la banque. Un scandale pour lequel 14 personnes sont sous mandat de dépôt depuis plus de 2 ans, 15 autres sont en liberté et trois en fuite. Hier, en fin de matinée, le président, M.Belkherchi, assisté par deux conseillers et après avoir noté l'absence d'un des accusés, en liberté, a procédé au tirage au sort pour la désignation des deux membres du jury, et levé la séance, pour une durée d'une heure avant de reprendre l'audience. Cette affaire, vu « l'ingéniosité » des techniques utilisées pour effacer les traces, mais aussi les complicités que certains n'hésitent pas à qualifier « d'école » en matière de dilapidation de deniers bancaires, a éclaté au mois d'octobre 2005, à la suite d'une lettre anonyme adressée aux plus hautes autorités du pays, sur les complaisances et complicités dont aurait bénéficié Achour Abderrahmane, patron de plusieurs sociétés privées. Celui-ci a obtenu des lignes de crédits avec des garanties surévaluées, mais a aussi effectué des tirs croisés de traites non avalisées et des chèques de cavalerie, ayant saigné la BNA entre les années 2000 et 2005. Pour certains, le préjudice occasionné a atteint les 32 milliards de dinars, pour d'autres, cette somme a été largement dépassée pour se situer à près de 42 milliards de dinars. La salle est trop étroite pour contenir autant d'avocats (plus d'une quarantaine), de journalistes, de témoins (plus d'une vingtaine), d'experts, sans compter les proches des accusés. Quatorze parmi ces derniers, notamment les chefs d'agence de la BNA, sont en détention depuis plus de 2 ans. Collés l'un à l'autre, ils tentent de repérer la présence de leurs proches dans la salle. Au milieu, Achour Abderrahmane, portant une chemise de couleur beige. Les 15 autres accusés, restés en liberté tout au long de l'instruction, sont assis sur des bancs et bien séparés de l'assistance. Sur les 32 accusés, 3 sont en fuite, parmi eux le directeur de l'agence de Bouzaréah et le beau-frère de Achour Abderrahmane. étaient présents également ses associés, sa secrétaire, son épouse et ses beaux-frères, plusieurs cadres de la BNA, les responsables des agences de Koléa, Cherchell, ainsi que l'ex-PDG de la BNA, son inspecteur général, le directeur régional, et celui du réseau exploitation, deux commissaires aux comptes, deux experts comptables et le directeur du service informatique. Ils sont poursuivis pour, entre autres, association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics et complicités, faux en écriture bancaire, escroquerie et complicité, et chèques sans provisions. Achour Abderrahmane a été jugé au moins une dizaine de fois, pour plusieurs affaires concernant soit des chèques sans provisions, soit pour escroquerie. Dans 9 affaires, il a obtenu le non-lieu, du fait que les faits ne sont pas ceux pour lesquels il a été extradé en 2007 du Maroc, comme le stipule la convention d'entraide judiciaire, algéro-marocaine. Il n'a été condamné que deux fois, dont une à 4 années de réclusion, prononcée par le tribunal criminel d'Alger, lundi dernier. Il s'agit de l'affaire relative au document fourni par la sûreté de wilaya de Tipasa, le blanchissant des faits qui lui sont reprochés, et avec lequel il s'est défendu contre son extradition au Maroc. Pour bon nombre d'observateurs, le verdict quelque peu clément par rapport à la gravité du dossier, n'augure rien de bon et laisse penser que la vérité, tout comme lundi dernier à la cour d'Alger, ne sera peut-être pas connue. Jusqu'en fin de journée, le greffier n'a toujours pas terminé la lecture des 83 pages de l'arrêt de renvoi, d'une voix inaudible et entrecoupée d'arrêts. Aujourd'hui, Achour Abderrahmane, sera le premier à être entendu par le juge, sur les circonstances d'une affaire qui a fait tache d'huile.