Photo : Riad Par M. Gemmill Les dirigeants se font rares, c'est peut-être une occasion de leur rendre hommage, de témoigner un peu de respect et de gratitude à certains vrais dirigeants qui ont servi le sport sans se servir et, pourquoi pas, de créer des vocations, qui sait ? L'état actuel du sport algérien en déliquescence est regrettable. Ce ne sont pas les productions de l'équipe nationale dans les éliminatoires jumelées CAN-Mondial 2010 qui vont nous contredire. Il est regrettable que l'Algérie ne puisse même pas se qualifier pour la phase finale du Mondial de volley-ball en terre italienne ou à la phase finale de la CAN de basket-ball chez le voisin libyen. Vraiment, le sport algérien est dans une situation regrettable. La sélection de judo a perdu son titre au profit de l'Egypte alors que les boxeurs ont abandonné le leur aux Camerounais. On discute souvent de détails, au lieu d'aller vers l'essentiel. La conviction est qu'on a des sportifs de haut niveau, voire les plus grands, mais, malheureusement, on est tombé sur une génération de dirigeants qui ne parviennent pas à s'entendre. C'est un handicap majeur du sport algérien. Les dirigeants ne s'entendent sur rien du tout. Quand les uns sont à la fédération, les autres leur tirent dessus. Il y a une génération de dirigeants qui dirige le football et qui ne s'entend pas. Les anciens ont créé leur réforme dans l'unité, les plus dévoués ont amené l'équipe deux fois en Coupe du monde. Mais, la génération qui est venue après ne s'entendait jamais. Peut-être qu'avec la nouvelle génération, l'Algérie retrouvera son lustre d'antan. A commencer par le football et l'équipe nationale qui retrouve ses marques avec la nouvelle ère de Mohamed Raouraoua. Quel est le profil adéquat du dirigeant ? D'abord, il ne faut pas qu'il soit bénévole. Un dirigeant bénévole est une catastrophe à éviter. C'est la porte ouverte à toutes les dérives. Il faut créer un cadre dans lequel le dirigeant sera respecté. On a une équipe nationale qui a un comportement professionnel, qui est dirigée par des hommes qui agissent en professionnels. C'est une situation qui installe le respect et la bonne marche dès le départ. Il faut donc revoir le statut du dirigeant et arrêter de mettre à la tête des structures qui dirigent le sport des gens qui n'ont aucune vision, aucun programme pour développer le sport national. Quand on met un président de fédération, cela devrait être sur la base d'un programme bien établi et qui peut servir le sport, et non sur le nombre. Devenir dirigeant est souvent vouloir passer de la parole aux actes, quitter le rang de spectateur pour essayer, avec ses modestes moyens et pauvres compétences, d'aider à faire fonctionner une association, que ce soit un club, un district ou une ligue. Cela veut dire se rendre compte que tout n'est ni tout blanc ni tout noir, que les responsabilités ou dysfonctionnements ne proviennent pas toujours d'où on le pense. C'est savoir que le travail qu'on peut faire sera toujours sous-estimé alors qu'on sera critiqué à la moindre erreur. A tous ses niveaux, le sport a besoin de bonnes volontés et pour être membre d'une association, d'une instance ou d'un club, il est vrai que c'est une commission à laquelle on demande plus qu'elle ne peut faire par manque de moyens humains mais aussi d'information. Car, à l'impossible nul n'est tenu. Pourtant, les gens tiennent à leur siège comme à la prunelle de leurs yeux. Des commissions auraient bien besoin d'être renforcées pour bien fonctionner, mais pas avec n'importe qui. La mission : aider au bon fonctionnement du club Etre dirigeant d'un club, c'est avant tout aider au bon fonctionnement de celui-ci, que ce soit sur le plan matériel, financier ou moral. Matériel pour que les athlètes ou sportifs puissent disposer des meilleures conditions pour défendre les couleurs du club qu'ils représentent. Sur le plan financier, car tout a un coût même dans un club où les joueurs ne sont pas payés et la recherche de fonds est l'un des sujets récurrents de toute réunion de dirigeants, pour trouver de nouvelles dépenses, pas besoin de se creuser la tête. Le bon fonctionnement passe aussi par des valeurs morales et, là, chaque dirigeant peut avoir un moteur différent. Parfois, c'est l'éducation des gamins (au club mais aussi à travers la commission des jeunes du district), la formation du citoyen autant que du footballeur. Mais un club, c'est un ensemble : joueurs, éducateurs, dirigeants, arbitres, bénévoles, supporters. Chacun a sa part dans cette réussite et s'il doit y avoir une limite au dirigeant, c'est celle de croire que tout fonctionne grâce à lui. Le foot, comme beaucoup de disciplines sportives, est un sport collectif, la bonne marche d'un club également. Voilà, on ne partagera peut-être pas cette conception du dirigeant mais cela lancera éventuellement la discussion. Le dirigeant apporte ses compétences et met son dévouement au service de la bonne marche de l'association et l'aide à atteindre ses objectifs. Qu'ils soient président, secrétaire, trésorier, éducateur, accompagnateur d'équipes, arbitre ou membre d'une commission, les dirigeants se rejoignent en trois termes : dévoués, disponibles et désintéressés. Rôle et devoirs des dirigeants de club Un dirigeant est censé mettre en œuvre les moyens nécessaires au bon fonctionnement de son club, tel que le comité directeur le définit. Un bon dirigeant comme le veut la tradition, s'investit par passion du sport et/ou amour de son club. Il ne doit pas attendre pour cela forcément de reconnaissances particulières, vouloir être sur le devant de la scène ou dépasser les limites de ses compétences. Dans une organisation saine, chaque dirigeant a son rôle et il est préférable qu'il s'y tienne. Un dirigeant ne doit pas parler au nom des joueurs ou se mêler de choix tactiques. Il est là pour diriger, comme les joueurs sont là pour jouer et le coach pour éduquer et animer. La perte évidente de toutes ces bonnes volontés est l'affaire de tous. Certains estiment qu'ils manquent de considération, que les joueurs ne se rendent pas compte du travail qu'ils abattent pour réussir une bonne saison. D'autres discutent les choix du comité directeur ou critiquent ouvertement les techniciens, alors que leur rôle n'est pas là et qu'ils oublient vite leur devoir de réserve. La plus belle récompense pour un dirigeant est la réussite économique et sportive de son club ainsi que l'épanouissement de tous au sein de ce club. Sans lui et la somme des efforts individuels et collectifs d'une équipe dirigeante cette réussite est impossible.