De notre correspondant à Constantine Nacer Hannachi La manifestation africaine s'invitera à Constantine à partir du 6 juillet. Ainsi, après DimaJazz, le festival international du jazz, celui du malouf qui étrennera sa troisième édition à partir du 24 juin prochain, la capitale de l'Est accueillera une partie du continent africain dans le cadre du 2e Panaf. Un rendez-vous qui demeure pour le moins peu évoqué dans les milieux constantinois préoccupés par leur rendez-vous andalou de l'année. En outre, la tutelle n'a pas enclenché sa machine publicitaire dans les villes pour mettre la population dans le bain et l'intéresser à ce métissage africain. La direction de la culture n'a été destinataire pour l'heure d'aucune affiche relative à la manifestation. C'est évident puisque le programme officiel consacré à la cité millénaire sera connu cette semaine, probablement aujourd'hui. «Prendre les rênes culturels du continent africain au cours de ce festival est un grand privilège pour l'Algérie», a estimé M. Nettour, directeur de la culture de wilaya qui indiquera : «Ce sera l'intérêt de tous les peuples africains pour prouver leur existence à travers leur culture et leur identité. L'Afrique n'a d'autres alternatives puissantes à faire valoir que ces deux vecteurs. Le Panaf est un acquis incontestable pour notre continent.» Revenant sur la première édition, notre interlocuteur, qui en garde un flash, dira : «Je suis certain que la présente reproduction sera plus attrayante et plus réussie. Le Panaf a mûri également avec des conditions matérielles qui sont mises par les pouvoirs publics.» Le mois de juillet assez «vide» à Constantine sera meublé par au moins 9 soirées à raison d'un spectacle tous les deux jours. Il est aussi des communes qui pourraient abriter des shows. A l'image de Khroub ou d'Aïn Abid. Cela n'étant pas fortuit car il faudra disposer d'une salle. Parmi les artistes dont la direction a eu écho sur leur prestation, on citera Akil, Zehouania, et Dahmani. Pour cela, on ne serait pas sorti de l'animation estivale de l'été. Cependant, la venue de quelques stars africaines est quasi certaine. Toutes les soirées, notamment celles à caractère «festif», devraient se tenir au théâtre de verdure. Le restant de l'affiche sera abrité par le TRC. Certains citoyens affichent une indifférence totale à cette fiesta africaine, 40 ans après celle de 1969. L'impact serait déjà émoussé par le déroulement à partir du 24 juin du Festival national du malouf. Soit un prélude qui relègue au second plan ces bribes du Panaf destinées à Constantine. Le malouf qui se clôturera le 30 juin ne laissera, en fait, qu'une demi-semaine pour convaincre la population locale de se ruer vers les espaces artistiques africains. Pour l'heure, aucune esquisse du continent n'est placardée sur les murs et la population locale ignore, voire se montre indifférente envers ce regroupement dont le noyau est assez centré en dépit de la volonté de Khalida Toumi de sillonner le pays et ses grandes métropoles par le Panaf. «Quel que soit le nombre d'artistes qui se produiront à Constantine, il faut dire que le festival marquera son empreinte uniquement à Alger. C'est la capitale ! A mon sens, l'évènement sera vécu en déséquilibre dans les villes et dans la capitale», devait nous dire un citoyen. Cette analyse «géographique» sera, en outre, accentuée par un autre avis. «Franchement, à quelques encablures de cette rencontre qui a coûté les yeux de la tête au peuple', on ne sent pas vraiment le continent frapper aux portes de Constantine. Aucune publicité anticipée n'a encore suscité l'intérêt du citoyen. C'est dire que ce festival n'est effectif qu'à la capitale. Mais on voudrait seulement le transposer aux villages par pure circonstance…», lâche un autre universitaire. Il est vrai que, depuis sa première édition tenue à Alger en 1969, avec une touche particulière de Malek Haddad qui occupait, à l'époque, un poste culturel, le continent aura gravi autant d'échelons artistiques et culturels. Un élan appuyé par un grand budget consacré à cette édition. Toutefois, les citoyens restent sceptiques dès lors que des sommes colossales sont déboursées dans une période où le pays vit sa misère sociale ! Sur un autre plan, même si l'on ne mélangeait pas les rôles pourvus pour chaque département, il serait injuste de faire l'impasse sur les opérateurs qui vont tirer une grosse «tirelire» au terme de cette liesse africaine. Si le dispatching des artistes à travers le pays a été fait du moins sans grand calcul, il n'en serait pas de même pour le budget alloué à la préparation. A cet effet, une simple question s'impose : «Qu'est-ce que la tutelle a réservé en termes de marchés aux entreprises excentrées de la capitale ?» Car, le festival est porteur de grands projets : édition, publicité… Malheureusement, cette «manne de service» serait déjà empochée par des habitués …sans aucune «miette» mise en jeu pour l'Algérie profonde. Les prospecteurs au niveau central auraient oublié de solliciter équitablement les prestataires… Encore faudrait-il ajouter que les directions de la culture n'assumeront que l'accueil étant donné que toutes les dépenses s'éjecteront de la centrale sans transiter par les trésoreries locales. Le Panaf réunira le continent, ce qui est fort important en ces temps de crise mondiale, mais déplumerait les caisses «fragiles» du pays à moins que la manifestation n'envisage des perspectives «récupératrices».