Branle-bas de combat à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. La grippe porcine qui vient de débarquer en Algérie est bel et bien passée par là en laissant derrière elle moult interrogations. En effet, en dépit de l'assurance affichée par le personnel aéroportuaire et les services de contrôle sanitaires aux frontières, un brin d'angoisse et de tension est venu troubler le climat serein du plus grand aéroport d'Algérie, pris d'assaut chaque heure par des milliers de passagers en partance pour toutes les destinations du monde. Pas moins de 8 000 passagers transitent quotidiennement par cet aéroport, véritable vitrine du pays. On y recense de 6 à 7 vols par heure. 40 arrivées sont enregistrées par jour. Face à la menace de la grippe porcine, un dispositif médical a été mis en place. Un dispositif qui a été renforcé ces derniers jours notamment depuis la confirmation, dimanche dernier, des deux premiers cas de virus A H1N1. Toutefois, le constat sur place le prouve aisément, des insuffisances sont à déplorer dans ce dispositif d'autant plus que la dernière instruction portant sur l'obligation de soumettre tous les émigrés algériens venant de pays touchés par la grippe porcine à un examen médical n'est guère encore traduite dans les faits. Jusqu'à aujourd'hui, les 40 médecins mobilisés H24 à travers 4 brigades chargées de contrôler les 8 000 passagers quotidiens, soit 200 passagers par médecin, ne sont pas en mesure de pouvoir faire passer un examen médical à tous les émigrés venant de débarquer à l'aéroport. «Nous ne pouvons nullement le faire car il est impossible d'examiner à tous les passagers qui viennent d'arriver. Nous avons quelquefois plusieurs vols arrivés successivement et pour examiner un par un les 200 passagers d'un seul vol, cela nécessiterait au moins 3 jours. C'est donc impossible à mettre en œuvre. De plus, nous n'avons reçu aucune instruction du ministère de la Santé dans ce sens», confie d'emblée Abdelkader Benchiar, directeur de l'établissement de la santé de proximité de la circonscription administrative comprenant l'aéroport Houari Boumediene. Notre interlocuteur reconnaît d'ailleurs qu'il n'a pris connaissance de cette mesure que dans les colonnes des journaux ! Et pourtant, il s'agit d'une annonce du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, faite jeudi dernier en marge de la session du Conseil de la nation ! Une mesure décidée qui plus est par le conseil de gouvernement, lequel a demandé de renforcer les mesures préventives au niveau des ports et aéroports nationaux. Mais, sur le terrain, malheureusement rien n'est fait. Malgré cela, Abdelkader Benchiar s'est efforcé de nous rassurer en nous persuadant de l'efficacité du dispositif en cours. «Nos médecins sont soutenus par des techniciens épidémiologistes. Nous disposons d'une importante quantité de kits de protection et le ministère nous a dotés de tous les équipements nécessaires. De ce fait, nous sommes plus équipés qu'à l'époque de la menace de la grippe aviaire», affirme notre interlocuteur qui nous révèle au passage que pas plus de 20 consultations médicales sont effectuées chaque jour avec des émigrés venant des pays touchés par la grippe porcine. «C'est le médecin qui décide si le passager présente un quelconque symptôme. Le médecin l'observe de visu et vérifie s'il n'a pas un écoulement nasal, une toux ou un autre symptôme de grippe», explique Benchiar Abdelkader qui croit fermement que 40 médecins suffisent réellement pour contrôler 8 000 passagers ! Concernant enfin le premier cas de grippe porcine qui a été confirmé en Algérie sur une ressortissante algérienne arrivée mardi dernier à Alger en provenance de Miami (Etats-Unis), M. Benchiar a estimé que ses services de contrôle sanitaire n'ont pas failli à leur mission et qu'ils ne sont en aucun cas responsables de l'importation du virus en Algérie. «La dame en question était porteuse du virus et elle ne manifestait aucun symptôme. Il était donc impossible de la détecter. C'est seulement 7 jours après que la grippe s'est manifestée. En tout cas, de notre côté, nous avons contacté tous les passagers de son vol qui ont été examinés et se sont avérés négatifs. Nous avons leurs coordonnées et nous savons où ils sont hébergés actuellement», assure-t-il en nous signalant en dernier lieu que le port du masque chirurgical est obligatoire depuis dimanche pour tout le personnel aéroportuaire travaillant dans les halls d'arrivée. A. S. Plus de pulvérisation d'insecticide à bord des avions d'Air Algérie Les passagers algériens ne subiront plus la pulvérisation d'insecticide à bord des avions d'Air Algérie. Cette mesure décidée unilatéralement par les autorités françaises, et appliquées seulement aux avions en provenance des villes algériennes et marocaines, a été supprimée par le Conseil de la santé publique français, lequel s'est réuni suite à la saisine déposée par la direction d'Air Algérie au mois de février dernier auprès des services concernés français pour connaître «avec précision» les justifications d'une mesure «spécifiquement française». Ainsi, à la suite de cette saisine, «le Haut Conseil de la santé publique français avait recommandé le 13 mars 2009 de ne plus demander une désinsectisation des aéronefs en provenance directe des villes marocaines et des villes algériennes autres que Tamanrasset», a précisé la compagnie. Air Algérie qui se dit «soucieuse du confort et de la sécurité de ses passagers», s'est félicitée d'«être à l'origine de la suppression d'un désagrément que ressentent les passagers de toutes les compagnies aériennes assurant des vols entre l'Algérie et la France. Toutefois, il est à signaler que la désinfection des aéronefs reste toujours en vigueur pour les vols en provenance de Tamanrasset. A. S.