Un premier cas avéré de grippe porcine A (H1N1) vient d'être détecté au Maghreb. C'est au Maroc qu'il a été enregistré, jeudi dernier. La pandémie est à nos portes et les autorités sanitaires se mobilisent. Dans un communiqué rendu public, jeudi, le ministère de la Santé annonce, parallèlement à la décision de l'OMS, de relever le niveau d'alerte à la phase 6, de renforcer les mesures sanitaires aux frontières – aéroports, ports et frontières terrestres. Comment cela se traduit-il sur le terrain ? A-t-on réuni tous les moyens qui permettent de faire face à d'éventuels risques et d'intervenir à temps pour éviter une propagation de la maladie dans le pays ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes déplacés à l'aéroport international Houari Boumediène. Des médecins nous ont accompagnés à l'intérieur de l'infrastructure pour nous expliquer les différentes étapes du contrôle des passagers. Hier, vendredi 12 juin. Il était environ 13h quand nous sommes arrivés à l'aéroport. Il y a beaucoup de monde. Des milliers de passagers quittent l'infrastructure aéroportuaire et d'autres avions atterrissent encore sur le tarmac de l'aéroport pour y débarquer d'autres voyageurs. Les médecins chargés du contrôle sanitaire ont du pain sur la planche. Yagoub El Hadi, Aouchiche Abdenour, Sedoud Nabila, Titouni Aïcha et Baïleche Ismahane, tous des médecins qui assurent, ce vendredi, le contrôle au niveau du hall n°1, doivent être vigilants. Leur mission n'est pas du tout une sinécure, vu le nombre de passagers qui arrivent en provenance des différentes capitales européennes. « Ce matin, 2 avions sont arrivés avec près de 500 passagers chacun. Cela demande des efforts supplémentaires pour contrôler tout le monde », a expliqué Yagoub El Hadi. Contrôle à l'œil nu Le premier constat est que le dispositif sanitaire mis en place, au début du mois de mai dernier, n'a pas été modifié. Le personnel médical mobilisé au niveau de l'aéroport travaille sous forme de 4 brigades qui assurent le contrôle H24. « Nous avons affecté une brigade pour chaque hall (il y a deux halls). Les 4 brigades en question se relayent pour assurer un contrôle quotidien », a affirmé Bellahsene Samir, responsable du service du contrôle sanitaire au niveau de l'aéroport. Les médecins sont munis du même matériel que celui acquis dès le lancement de l'alerte à la grippe porcine par l'OMS : blouses jetables, bavettes, masques et test auriculaire. Un matériel qu'on n'utilise qu'en cas de détection d'un cas suspect de grippe A (H1N1). « Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons enregistré aucun cas », a rassuré le docteur Bellahsene Samir. Toutefois, le service sanitaire a examiné, depuis le mois de mai dernier, plus d'une dizaine de personnes, dont un Mexicain –le Mexique est le pays où cette maladie a été signalée pour la première fois. « Les tests subis par ces personnes se sont avérés négatifs », a déclaré le même responsable. Mais est-il possible d'éviter des risques en se contentant seulement d'un contrôle visuel ? Pourquoi n'a-t-on pas acquis des caméras thermiques ? Selon les responsables du service du contrôle sanitaire, une demande pour l'acquisition de ce matériel a été faite aux autorités. « C'est à eux de juger s'il faut acheter ce matériel », souligne le Dr Bellahsene Samir. « Ces caméras sont utiles, mais pas indispensables. Elles permettent juste de détecter les personnes atteintes d'une fièvre », a précisé pour sa part le docteur Seraf Mahfoud, responsable au même service. Pas suffisamment de masques à Air Algérie En l'absence d'un tel équipement utile, les médecins sont contraints à travailler avec les moyens de bord. « Nous procédons à un contrôle minutieux », a soutenu Sedoud Nabila. Le travail de contrôle se fait en plusieurs étapes. L'arrivée d'un avion d'Air Algérie en provenance de Paris était une occasion pour les médecins de nous expliquer ces différentes étapes. La première phase de contrôle se déroule avant le débarquement des passagers. Muni de prospectus de sensibilisation, un médecin se met devant la porte d'accès de l'appareil. « Tout en distribuant le document, le médecin scrute les voyageurs. S'il voit une personne malade, il l'invite gentiment à un contrôle sanitaire », explique Yagoub El Hadi. Deux autres opérations sont effectuées avant d'arriver au service de la police des frontières (PAF). L'équipage de l'avion effectue, lui aussi, ce genre d'opération avant même l'atterrissage. « Si nous constatons des signes de maladie chez un passager, on intervient directement ; on l'isole en lui mettant une bavette. Puis on le signale au service de contrôle sanitaire avant même l'atterrissage de l'avion », dira Bouarrouma Mustapha, chef de cabine principale de l'avion en question. Là aussi, on relève une défaillance. Les avions de la compagnie nationale ne disposent pas suffisamment de masques pour sécuriser tous les passagers. « On devrait penser à cela », lance un commandant de bord. En dépit de ces insuffisances, le service de contrôle sanitaire de l'aéroport et les services de contrôle de la PAF tentent d'assurer une meilleure sécurité. « Nous travaillons ensemble. Même les services de la PAF essayent de nous aider dans l'accomplissement de notre tâche »,a souligné Titouni Aïcha.