La plage dite la Madrague, dans la circonscription de Aïn Benian (Alger), a perdu sa sérénité l'espace d'un week-end. Les baigneurs ayant choisi cette localité côtière de la capitale sont repartis avec beaucoup de soucis de santé. Une dizaine de baigneurs, particulièrement des jeunes, ont été victimes de fièvre vers la fin de la journée de jeudi dernier. «Certaines personnes avaient vomi ce qu'ils ont mangé et bu dans la journée», témoignait, hier, un baigneur habitué des lieux. «Moi, j'ai eu la fièvre durant la soirée et puis j'ai repris mes forces», ajoute son ami.Sur les lieux, personne n'était en mesure d'expliquer les raisons de cette vague d'intoxications. Si quelques-uns privilégiaient la piste de l'intoxication alimentaire, d'autres estiment, en revanche, que la cause de ces cas de fièvre et de vomissement serait les rejets en mer de produits chimiques par une usine de médicaments implantée non loin du site. Pour parer à cette situation, en attendant d'établir les causes exactes de ces infections, une interdiction de baignade a été décrétée dans la matinée de vendredi dernier. Un agent de sécurité annonce qu'une équipe spécialisée dans la protection de l'environnement a procédé dans la matinée de vendredi dernier à «l'analyse de l'eau de mer pour savoir si elle ne constitue pas un danger pour la santé des estivants». L'analyse chimique s'est avérée rassurante, selon un agent de la Protection civile. De son côté, l'Agence pour la promotion et la protection du littoral algérois (APPL) a indiqué que «l'eau de baignade est régulièrement contrôlée». Mais cette situation ne manque pas de rappeler la question de la propreté de nos plages et de leur environnement. Des opérations ont été menées dans la perspective de freiner l'avancée des ordures mais sans que cela aboutisse aux résultats escomptés par les autorités. Les citoyens, pour leur part, continuent à camper dans des sites dont ils ignorent si vraiment le contrôle a été effectué ou non. Les opérations de nettoyage des plages, appuyées, faut-il le rappeler, par des entreprises publiques, ont permis certes de préserver certains endroits. Néanmoins, il reste beaucoup à faire sur ce terrain. Les citoyens approchés par nos soins au niveau de la Madrague n'accordent aucun crédit aux discours des officiels. Ils sont d'ailleurs nombreux à venir s'installer aux alentours du site sans oser mettre les pieds dans l'eau. Un vendeur de cigarettes sur les rivages est formel : «C'est ici que j'ai grandi, mais je n'ai jamais touché à cette eau.» A. Y.