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Prise en charge et espoirs
3ème âge, pensionnaires du FPH SafSaf Annaba
Publié dans La Tribune le 30 - 06 - 2009

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
En cette période estivale, le 3e âge quelque peu oublié passe ses journées sur les bancs publics ou dans les jardins à discuter, à lire le journal et à attendre que le temps passe pour rentrer à midi ou le soir.
De longues journées qui se suivent et se ressemblent et qui n'apportent rien de nouveau. Le matin, ils font leur marché, passent chez le vendeur de journaux, traînent un peu en ville puis rentrent avant de ressortir dans l'après-midi pour rencontrer quelque vieil ami avec lequel ils se promènent jusqu'à la tombée de la nuit. Ceux-là mènent plus ou moins une vie normale, entourés qu'ils sont de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Respect, chaleur d'un foyer, amour des leurs et une certaine ascendance sur tous leur donnent goût à la vie et leur fait oublier le poids des ans. L'autre 3e âge est celui pris en charge au niveau des foyers pour personnes âgées et handicapées (FPH). Si l'administration fait de son mieux pour les aider à vivre décemment, ils restent, cependant, malheureux du fait que leurs familles les ont abandonnés ou carrément jetés à la rue. Dans le centre de la cité Saf Saf à Annaba, ce sont 92 pensionnaires de cette catégorie de la population, hommes et femmes, dont une quarantaine de handicapés lourds. Le centre construit il y a près d'un quart de siècle, est assez bien équipé avec 2 pavillons, une infirmerie, une grande salle de détente climatisée, une douzaine de douches, un restaurant et des chambres pour deux personnes. Literie, tables de chevet, rideaux, batterie de cuisine et chauffage central ont été rénovés dans le cadre d'un programme ministériel. Au restaurant, les pensionnaires ne manquent de rien, les jeunes émargeant dans le cadre du préemploi s'en occupent et les menus sont décidés par les deux médecins du centre qui ont l'œil sur tout. Une visite médicale est programmée deux fois par semaine pour chaque patient qui suit un traitement. Les pensionnaires valides, hommes ou femmes, sont autorisés à sortir en ville pour faire des achats ou se promener. «Ils reviennent toujours ; ils ont pris l'habitude de vivre ici et n'ont pas de meilleur endroit, nous dit un infirmier de permanence. Nous avons une équipe qui veille toute la nuit pour intervenir en cas de besoin et l'ambulance est là pour les situations d'urgence.» Les week-ends et pendant les fêtes religieuses, le menu est amélioré. «Ce sont les âmes charitables qui ramènent tout ce qu'il faut : plats traditionnels, desserts, boissons et gâteaux. Certains restent avec les vieux jusqu'à la soirée ; ils leur parlent et les écoutent, nous confie une jeune fille employée au centre. Ces vieux retrouvent le sourire ; on rit, on plaisante et on est heureux.» La Direction de l'action sociale exerce des contrôles hebdomadaires en dépêchant des inspecteurs qui procèdent à des vérifications au niveau de tout le centre. Gestion, dossiers, documents administratifs, prise en charge médicale des pensionnaires, tout est passé au peigne fin. «Nous veillons au bien-être de cette catégorie de la population qui a été abandonnée par les familles. Nous essayons de faire de notre mieux pour que ces personnes puissent vivre comme si elles étaient chez elles, nous déclare Mme Mayouche, directrice de l'action sociale de la wilaya. C'est notre devoir et tout le personnel est mobilisé pour cela.» Parmi les pensionnaires du FPH, il y a une femme et ses deux filles réfugiées de Ghaza. Elles ont fui le déluge de feu que les avions israéliens avaient déversé sur la ville. Cette femme de nationalité algérienne mariée à un Palestinien est revenue dans son pays parce qu'elle n'avait pas où aller. Mais en arrivant, elle n'avait trouvé personne pour l'aider et c'est la DAS qui l'a prise en charge en attendant de lui trouver un logement.
Au centre, si l'on est quelque peu heureux parce qu'on est bien pris en charge, la tristesse se lit malgré tout dans les yeux de ces vieux qui ont vraiment besoin de chaleur humaine, la chaleur d'un foyer plein d'enfants et de petits-enfants. Ces vieux ont besoin de visages familiers qu'ils ont vu grandir et devenir adultes, de ces Ramadhan et de ces Aïds passés en famille, de ces fêtes de mariage ou de circoncision et de ces embrassades familiales qui vous rassurent et vous sécurisent. En cette fin de juin, alors que tous se préparent à aller en vacances et passer quelques jours au bord de la mer ou au bled, dans sa dechra, ces vieux attendent avec beaucoup d'espoir que quelqu'un des leurs vienne les prendre et les sortir pour qu'ils reprennent goût à la vie.


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