De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur N'est–il pas temps de dresser le bilan après 47 ans d'indépendance? N'est–il pas temps d'élucider les causes qui ont provoqué cette grande brèche au sein de la société algérienne, notamment l'émigration clandestine et la fuite des cerveaux ? N'est–il pas temps de pointer les jalons en faveur de la jeunesse ? Ce sont là des questions parmi tant d'autres posées par bon nombre de jeunes qui n'aspire qu'à un lendemain meilleur. En effet, dans notre société en perpétuels changements, bouleversements, remises en cause, il suffit d'observer toutes les causes économiques qui nous entourent, il est bon de savoir si tout d'abord nous sommes dans le cadre fixé par notre projet éducatif, si celui-ci reste adapté et si ce que nous proposerons demain à la jeunesse restera une des réponses attendues par celles et ceux qui seront les adultes de demain. Ce sont là les propos des universitaires interrogés au sujet lié à cette relève de demain, le plus souvent victime de tous les maux. QA ce sujet, Mezouar de Ghazaouet, ex-harrag, n'a pas manqué d'évoquer le lourd fardeau que portent les jeunes, interpellant les concernés afin que cesse l'humiliation de cette frange de la population qui n'aspire qu'à un avenir meilleur, celui de vivre en toute dignité sur une terre qui a arraché son indépendance grâce au lourd sacrifice celui d'un million et demi de martyrs. «J'ai effectué une traversée infernale, j'ai tenté l'autre rive. J'ai vécu un moment de ma vie sous un autre ciel, le paradis de mes rêves. Malheureusement, ce n'est pas le pays merveilleux d'‘'Alice”.» Avec ses compagnons refoulés, dès leur arrestation, notre interlocuteur a affirmé que nul n'est jamais plus tranquille que chez soi, même en menant une vie difficile. Un autre jeune, Redouane en l'occurrence, qui a échoué à la traversée et a été secouru par les gardes-côtes, a souligné que plusieurs facteurs l'ont poussé à fuir le bled. Selon lui, et de l'avis de nombreux jeunes, il s'agit, entre autres, du chômage, de la déscolarisation, de la précarité, de l'insuffisance de qualifications qui décrivent souvent le statut des jeunes exclus du travail, du savoir et de la culture. «Ces jeunes, appelés jeunes en difficulté, adoptent dans des quartiers urbains, victimes de ce que Bourdieu appelle la démission ou le retrait de l'État, des comportements et des stratégies par lesquels ils affirment une présence souvent contestée. Conduites à risque, marginalité, délinquance, toxicomanie peuvent être pour eux les moyens d'occuper des espaces dont ils sont souvent exclus.L'État et les autorités locales en Algérie ne font pas de cette catégorie particulière une priorité : les jeunes en difficulté n'ont pas beaucoup de place dans les politiques publiques ni dans les actions locales en tant que jeunes en difficulté d'insertion sociale ou professionnelle ou même scolaire, a-t-on indiqué.Ces jeunes, que ce soient Ali, Mohamed, Nouredine, ont signalé que l'objectif principal de tous les acteurs est de contribuer à redonner l'espoir à une jeunesse qui se sent exclue et à rendre le territoire algérien plus attractif comme pays pour ses jeunes. Aussi, il est nécessaire d'élaborer une politique solide et d'appliquer les instructions du président de la République afin de donner de la voix aux désirs et aux attentes de la jeunesse, surtout si l'on sait que le pays est composé de plus de 65 pour cent de jeunes. Ainsi, il est indispensable de proposer et de lancer des pistes d'actions et des priorités. Cela dit, ont-ils ajouté, aujourd'hui, la jeunesse est accusée de mille maux. Peu de compétences, de confiance, et d'optimisme lui sont attribué. Pourtant, la jeunesse est l'avenir de notre société, l'espoir d'un monde meilleur.A cet effet, il est plus qu'indispensable de croire en ces jeunes, de les accompagner dans la construction de leurs outils pour devenir des adultes responsables, autonomes, acteurs de la société et en capacité de devenir les futurs adultes transmetteurs de notre riche patrimoine culturel et social. Leur ouvrir les portes, être à leur écoute, leur prêter attention, voilà en fait des causes qui peuvent encourager cette communauté. Cela explique qu'une attention solide et un regard de respect peuvent changer le comportement du jeune qui ne voit que drogue, alcool, et surtout el harga. Un emploi, un logement… sont des maillons forts pour sauvegarder cette énergie. Car l'énergie, les expériences et la pensée créatrice des jeunes peuvent facilement donner un élan au développement.Evoquant le 5 Juillet, des jeunes ont déclaré que la majorité ne peut nier que, grâce au lourd sacrifice d'un million et demi de martyrs, l'Algérie a pu arracher son indépendance. La participation des jeunes durant la guerre de libération nationale reste gravée dans chaque mémoire. Néanmoins, bon nombre cherche à en savoir plus sur l'histoire du pays, et il nécessaire de les inciter à connaître cette histoire, ces héros de la guerre, ce parcours vers la gloire, etc. La jeunesse constitue sans nul doute l'espoir de demain, le grenier des ressources humaines pour amorcer toute réforme économique ou culturelle dans un pays. Donc préparer, instruire, informer et éduquer cette jeunesse reste encore un défi. Au regard de ces statistiques, des efforts en synergie doivent être mis en place pour inverser la donne et assurer un meilleur épanouissement de la jeunesse algérienne car sa population est essentiellement jeune et il convient de se convaincre que, tant que le potentiel de la jeunesse sera gaspillé au lieu d'être valorisé, ni les jeunes ni la société dans son ensemble ne pourront prétendre à la prospérité. Cette jeunesse attend toujours dans ce spleen, sevrée de joie, une prise en charge et la concrétisation de toutes les promesses données.