C'est le grand rush dans les ports. Des centaines de milliers d'émigrés signent leur retour dans leur pays natal pour y passer les vacances d'été. Mais comme chaque année, le retour au bled, moment très attendu par nos citoyens établis à l'étranger, vire souvent au cauchemar à cause des conditions d'accueil déplorables que ces derniers rencontrent dans les différentes gares maritimes du pays. Plus grand port d'Algérie, celui d'Alger est pris d'assaut en cette période de l'année par un flux important de voyageurs. Malheureusement, ce flux rime toujours avec galère et désagréments. Les voyageurs souffrent le martyre pour débarquer et accomplir toutes les procédures de contrôles auxquelles ils sont soumis. A ce sujet, il est utile de le rappeler, les délégués des ressortissants algériens ainsi que les membres de la commission parlementaire chargée des affaires étrangères et de l'immigration ont, à maintes reprises, demandé au gouvernement de prendre les mesures essentielles pour améliorer les services et les procédures d'accueil des voyageurs et des émmigrés revenant en Algérie. En vain naturellement, car à chaque saison estivale les sempiternels problèmes refont surface et gâchent la joie de nos ressortissants établis à l'étranger au moment où ils s'apprêtent à fouler le sol de leur pays. Leurs témoignages recueillis dans ce sens sont on ne peut plus explicites. «Cela fait dix ans que je transite par ce port et je suis à chaque fois très déçu de constater qu'on continue de recourir aux vieilles méthodes. Jusqu'en 2009, le contrôle des véhicules n'est pas assuré par un scanner ! C'est ce qui fait que les agents prennent un temps fou pour les fouiller», réagit Mokhtar, un Algérien vivant en France qui ne comprend toujours pas pourquoi on ne modernise pas les équipements des douaniers. Un point ayant d'ailleurs été soulevé l'année dernière lors de la visite du DG des Douanes, qui avait exigé la mise en place de scanners avant le mois de février dernier ! Rien n'a été fait depuis, et ce sont les voyageurs qui en payent le prix. Quant aux formalités douanières, lesquelles généralement s'éternisent, de nombreux voyageurs ont salué les efforts consentis cette année pour en finir avec les longues heures d'attente. «J'ai vraiment apprécié le fait que les formalités se soient déroulées à bord du bateau, ce qui permet un gain de temps incommensurable aux passagers», relève Mourad, un Algérien installé dans le Sud de la France. Pour sa part, Amine a constaté avec soulagement «qu'en matière de procédures, un pas considérable a été franchi. D'ailleurs, cela se passe beaucoup mieux que l'année dernière et nous sommes satisfaits de la célérité du contrôle des bagages». Il faut savoir à ce propos qu'un dispositif draconien pour l'accueil des émigrés a été mis en place dès le début de l'année. Un renforcement des agents chargés de l'accueil et de l'orientation a été opéré, ainsi que la modernisation des moyens de gestion pour ces arrivées. L'objectif fixé est d'éviter les tracasseries liées à la gestion «des billets ouverts» et des «listes d'attente», lesquels constituent de sérieux points de tension au niveau des ports, notamment durant la période précédant la rentrée scolaire et sociale. Selon les responsables de plusieurs gares maritimes, les plus importantes listes d'attente sont enregistrées lors des deux dernières semaines d'août du fait que 80% des estivants décident de leur retour précisément durant cette quinzaine. Cela dit, ces mêmes responsables sont unanimes à affirmer que de nombreuses gares maritimes sont défaillantes dans la mesure où elles ne répondent pas aux normes du fait de leur exiguïté. A Skikda, par exemple, un responsable de la PAF a expliqué à un confrère qu'«il n'y a pas de gare maritime à Skikda, on est juste en train d'exploiter une piste. C'est un port qui ne peut même pas contenir 450, voire 500 véhicules. Nous ne disposons actuellement que de trois garages ; nous envisageons, avec la collaboration de l'EPS, d'en créer un quatrième afin d'alléger l'encombrement actuel» Pis, elles sont légion les gares maritimes qui accusent un réel déficit. Pour preuve, dans plusieurs villes portuaires, on ne compte aucune brigade spécialisée pour les voyageurs ! Concernant le volet sécuritaire, les voyageurs et les émigrés ne cessent de réclamer l'installation de caméras de surveillance dans les pavillons réservés au contrôle des véhicules et des bagages pour empêcher les policiers et les douaniers de «toucher aux affaires personnelles des voyageurs ou bien de leur demander des pots-de-vin et de découvrir toute autre pratique illégale», attestent-ils. «On nous vole souvent. A maintes reprises, mes affaires disparaissent et je retrouve mes valises ouvertes. C'est anormal de subir des choses pareilles. Il faut absolument arrêter ces pratiques», s'écrie Hassina, dont le mari est français et dont les enfants sont nés en France. «Je ne veux pas que mes enfants détestent l'Algérie à cause des conditions déplorables dans lesquelles ils sont accueillis. Certains de mes amis émigrés ont décidé à cause de cette situation de ne plus revenir au pays pendant l'été. L'Algérie est boudée bêtement par ses enfants», conclut notre interlocutrice dont la colère devrait être sérieusement prise en compte par les pouvoirs publics. A. S.