Chaque année, Skikda, à l'instar des autres villes côtières, enregistre un flux important d'émigrés algériens résidant à l'étranger, qui sont nombreux ces dernières années à avoir choisi l'Algérie pour y passer leurs vacances. En effet, le retour au « bled » est vécu comme un évènement important par nos ressortissants qui restent très attachés à leur pays. L'occasion nous a été donnée de rencontrer quelques familles skikdies venues séjourner dans la ville. Certaines personnes expliquent que le retour à la ville natale est indispensable et même « sacré ». « Chaque été je viens passer mes vacances ici. Pas question de les passer ailleurs qu'à Skikda ! » Le même discours est repris par des jeunes et moins jeunes qui expriment un réel attachement pour leur ville. « Après une année très dure, le retour au bled est une manière de se ressourcer, cela représente une bouffée d'oxygène primordiale », dira un jeune émigré, mêlant accent skikdi et marseillais. Un autre de témoigner : « Cela fait dix ans que je n'ai pas mis les pieds à Skikda et j'ai été agréablement surpris par l'évolution enregistrée. Vous savez, en France on dit beaucoup de choses sur l'Algérie et la situation sécuritaire du pays mais je tiens réellement à rectifier ces idées préconçues ; les routes sont sûres, j'ai fait le trajet Alger-Constantine et j'ai conduit de jour comme de nuit sans aucun incident. » Et de poursuivre :« La ville a réellement changé, les plages sont très bien entretenues, en plus il y a de magnifiques paysages mêlant nature verte et bleu azur que l'on ne trouve nulle part ailleurs. » Pour les bourses modestes, le retour au bled est d'abord une question de moyens. En effet, les tarifs exorbitants affichés à l'étranger dissuadent plus d'un de passer quelques jours à la mer. « En France par exemple, une simple journée à la mer avec les enfants revient à pas moins de 70 euros », dira une mère de famille. Par ailleurs, le retour reste surtout une occasion de retrouver la grande famille et de renouer avec cette ambiance conviviale qui leur manque tant. « Nous sommes six frères et sœurs et chaque été on se retrouve à la maison familiale autour d'une bonne chekhchoukha, et c'est ce qui nous manque en France, cette chaleur familiale, ces fous rires que l'on ne peu partager qu'avec ses proches », expliquera une dame. Quelles que soient leurs motivations, les Algériens résidant à l'étranger restent incontestablement très attachés à leurs coutumes, traditions et origines. Certains envisageraient même, après plus de dix ans d'exil, de retourner au pays. Ainsi, et au moment où des centaines de harraga cherchent à quitter le pays à leurs risques et périls, curieusement, beaucoup d'émigrés choisissent de faire le chemin inverse et de revenir. « Les jeunes pensent qu'en quittant le pays ils vont trouver un eldorado ; or la réalité est tout autre ; la vie est très dure là-bas et quand tu t'appelles Mehdi ou Mohamed tu es tout le temps suspecté. Je suis là-bas depuis sept ans environ, j'ai fais mon petit commerce, mais à la première bonne occasion je plierai bagage pour retourner au pays », conclura un autre jeune émigré.