Avant qu'elle commence sa prestation, une foule immense attendait impatiemment devant la porte du théâtre pour entrer assister à ce spectacle tant attendu. De l'entrée et jusqu'aux escaliers la chaîne était interminable. Des familles entières, des groupes d'amis et des couples ont fait le déplacement pour assister au spectacle de cette grande chanteuse africaine, lauréate du prix Grammy Awards en 2004 pour son album Voz d'Amor et de la Victoire de la musique dans la catégorie «meilleur album de World Music». Ce n'est qu'à 23 heures, après avoir donné de l'eau à la bouche de ses spectateurs que Cesaria entre sur scène. Simplement habillée d'un tailleur ample (jupe et tunique) aux couleurs de l'Afrique (jaune, vert et noir) et cheveux tressés, l'artiste entame son spectacle avec une chanson rythmée. A la première note, des sifflements et même des youyous stridents déchirent le ciel légèrement couvert de nuages. La voix à la fois forte et douce entraîne les mélomanes, leur rappelant certainement des souvenirs forts de leur jeunesse avec son titre légendaire Sodade qu'elle a interprété magistralement. Alternant rythmes doux et effrénés, la diva a réussi à transporter dans le rêve ses fans et même ceux qui la découvraient pour la première fois. De l'amour, de la tristesse mais aussi de la joie étaient perceptibles dans ses chansons mais aussi la vie et surtout la terre natale à laquelle elle reste attachée et qu'elle chante en créole capverdien. Quel que soit le rythme exécuté par ses musiciens, qu'il soit doux ou effréné, Cesaria sait garder son calme et interprète sa chanson avec une parfaite concentration. Une façon de mieux sentir les paroles. A peine 45 minutes se sont écoulées que le public réclame encore davantage de chansons. Des applaudissements chaleureux. Ceux qui connaissent bien la chanteuse réclament même des titres de chanson. Le temps de présenter ses musiciens : Julien au violon, André au piano… et moi Cesaria Evora, lance-t-elle avec modestie ! Et elle reprend sa prestation. Elle emporte son public avec ses chansons saisissantes, même s'il ne comprend pas les paroles interprétées dans sa langue. Encore une petite pause, le temps de reprendre son souffle et le spectacle se poursuit. Des titres nouveaux et anciens se succèdent, puisés dans le long répertoire d'une carrière entamée en 1985 avec l'enregistrement d'un premier album au Portugal mais qui resta confidentiel. Au bout d'une heure de spectacle, l'artiste se retire avec une longue ovation. Elle ne tarde pas à revenir pour chanter Bessame Mucho, et deux autres chansons. Un bouquet de roses lui a été remis par les organisateurs, en guise de reconnaissance pour le réel moment de bonheur qu'elle a offert à ses spectateurs, et à l'Algérie qui célèbre le deuxième Festival panafricain. L'impératrice des musiques capverdiennes mais aussi ambassadrice du Programme mondial des Nations unies pour l'alimentation (PAM) en 2003, Cesaria Evora a su charmer son public qui a rempli tous les gradins du Casif. B. A.