Rachid Hamani remporte de belle manière la médaille d'or aux Jeux méditerranéens de Pescara 2009 ! En battant aux points par 7 touches à 5 le boxeur turc, Adem Killicci, vice-champion du monde à Chicago, en 2008. Rachid a fait preuve d'une grande maîtrise et, malgré une blessure au bras gauche, il a su respecter à la lettre la tactique définie à l'avance : prendre l'avantage et gérer, ensuite il a su maîtriser un adversaire de classe mondiale ! Rachid remporte par la même occasion la deuxième médaille d'or pour l'Algérie. Né le 1er juillet 1985 à Paris, Rachid Hamani, fils de la légende africaine du noble art Loucif Hamani, le lion d'Aïn El Hammam, qui a défié dans les années 1980 le mythique champion au crâne rasé, le légendaire américain Marvous Hagler, est sur les traces de son père. Il a commencé la boxe dès son jeune âge puisqu'il a été subjugué par le palmarès de son père. Avant cela, il a pratiqué d'autres disciplines, dont la boxe avec des potes dans la cave de son quartier. La passion est née avec la pratique, peut-être avait-il également un gène de guerrier ? Il avait pratiqué durant quelques années d'autres sports mais ces disciplines l'avaient pour ainsi dire frustré par le manque de contact. Il doit avouer que la boxe le passionnait plus particulièrement, avant il était simplement intéressé par ce sport de combat avec contact. Ce qui a fait naître la passion chez lui est la difficulté de la discipline (physique et mentale). Plus que dans tout autre sport, la victoire appartient à celui qui aura le mieux battu. Bien au-delà d'un titre (régional, national ou international) ou d'une rémunération, les boxeurs engagent leur amour-propre dans un combat, la défaite pèse en général très lourd sur le mental d'un boxeur. La boxe exige de dépasser ses limites physiques et, encore plus, mentales tant à l'entraînement que sur le ring. C'est ce besoin de dépassement de soi-même et un attrait indéniable pour le pugilat qui ont fait grandir en lui cette passion pour le noble art. Revenant sur sa participation aux JM de Pescara et sur sa médaille d'or, Hamani junior dira : «C'est ma première ; ma première pensée, donc, ira pour mon père qui m'a initié au noble art et qui m'a fait aimer la boxe. Je lui dédie également cette victoire ainsi qu'à tout le peuple algérien qui m'a donné l'impulsion nécessaire pour gagner la médaille d'or. Je lui en suis reconnaissant», a-t-il déclaré juste après son succès face au Turc Killicci. Sur les traces de son père, Loucif Hamani «Cette médaille, je la voulais tant pour me frayer un chemin dans le monde de la boxe et faire comme mon père.» Pour rappel, son papa, Loucif Hamani, 59 ans, était un champion d'Afrique aussi bien en amateur que chez les professionnels. Il a disputé 27 combats dans sa carrière professionnelle, remportant 24 victoires dont 13 par K.-O, contre trois défaites (2 K.-O). Il est devenu champion d'Afrique chez les professionnels en 1976. En 2005, il a reçu le Gant d'or africain pour l'ensemble de sa carrière. A 24 ans (bouclés le jour de la demi-finale), le fils Rachid est sacré champion méditerranéen, après avoir été vice-champion d'Afrique, à Casablanca en 2005, année où il a intégré les rangs de l'équipe algérienne, et était alors âgé de 18 ans. Il s'entraîne aussi dans son club en France au sein du BC Villeneuve. Et cela continue, encore et encore. «Oui ! Et je dois avouer que je vais avoir du mal à me séparer de l'ambiance des salles de boxe. Je ressens vraiment le besoin de mettre au minimum les gants, et de préférence avec quelqu'un d'au moins mon niveau. Je m'entraîne convenablement pour être au top.» La boxe lui apporte beaucoup de bien-être. Elle est pour lui un mélange d'autosatisfaction, de remise en question, de douleur (entraînement) et de bonheur avec ses montées d'adrénaline. L'adrénaline d'un combat de boxe ne dure que quelques secondes qui sont d'une intensité indescriptible méritant de nombreux sacrifices (et cocards). Généralement ces montées permettent des exploits techniques, physiques et mentaux lui procurant un bien-être démesuré pendant et après l'effort. La boxe lui a donc permis de se construire un physique et un mental d'acier, dualité nécessaire à son bien-être. Aujourd'hui, il pense être physiquement capable d'attaquer n'importe quelle activité sportive sans trop de difficulté (physique pas technique). Le noble art l'a surtout doté d'un mental de conquérant et a renforcé certaines valeurs. Il affronte aujourd'hui toutes les difficultés personnelles ou professionnelles sans abandonner, humblement et en respectant les gens qui l'entourent. Il doit admettre que ce n'est pas toujours évident, mais il essaie en tout cas. Rachid reste une valeur sûre du noble art algérien Avec une médaille d'or sur autant de combats livrés sur les rings de Pescara, Rachid Hamani boucle la boucle et réussit un bon coup contre ses adversaires et un combat spectaculaire aux Jeux méditerranéens 2009 où il sera difficile de trouver trace d'un athlète capable d'en faire autant à cette édition. Dans son dernier combat, intelligemment disputé, le lionceau du Djurdjura n'a laissé aucune chance à ses concurrents, français et italien notamment. Il avait une telle marge par rapport à ses rivaux dans sa catégorie qui lui valut beaucoup de satisfactions que le combat tourna à la démonstration. Celle-ci fut éclatante : Rachid appartient à une autre catégorie et, sans aller jusqu'à prétendre que les JM constituent un simple combat, nous devons à la vérité dire qu'un puncheur de sa trempe reste capable de voler la vedette à son père qui l'a initié aux rudiments du noble art. A l'occasion de ces jeux au niveau très relevé, il aura en tout cas mis à profit ces joutes pour préparer la 16e édition du Championnat d'Afrique des nations de boxe qui aura lieu du 18 au 28 juillet à Maurice, et les Mondiaux 2009 qu'abritera la ville italienne de Milan, dans un mois, et qui constituent son objectif prioritaire. Les combats dans lesquels il s'est imposé également aux JM n'étaient pas à négliger non plus même s'ils ne relèvent pas en général du champ de ses exercices. «Ces combats sont très importants car ils servent à préparer les épreuves d'endurance et de réaction pour la vitesse d'exécution, la base pour les Mondiaux où le dernier coup de rein est souvent très serré», a-t-il indiqué. Reste cette pointe de fatigue «qui commence à se ressentir», avouera-t-il après le marathon des combats livrés en un court laps de temps. Ayant dû s'astreindre à une très lourde charge de travail, Rachid est conscient qu'il devra adapter son planning précompétitif en vue des futures échéances en sorte de se présenter frais et bien préparé pour le grand événement de l'été 2009. Ce triomphe à Pescara est venu confirmer son talent, démontrant qu'il reste une valeur sûre du noble art algérien. Il fait son travail, il ne rechigne jamais à l'effort et fait preuve d'abnégation. Pour peu qu'on lui accorde le temps et les moyens nécessaires pour son développement. Seul boxeur médaillé d'or à Pescara A noter qu'aux JM de Pescara, Rachid Hamani (cat.75 kg) est le seul boxeur à avoir remporté l'or, les deux autres finalistes, Abdelhalim Ouradi (54 kg) et Abdelhafid Benchabla (81 kg) ayant perdu en finale, respectivement face à l'Italien Vittorio Parrinello et au Monténégrin Bosko Draskovic. Quant à Sami Brahimi (51 kg) et Mohamed Amine Ouaddahi (57 kg), ils se sont contentés chacun de la médaille de bronze. «Notre objectif est atteint. Nous avons réalisé cinq podiums [1 or, 2 argent et 2 bronze]», a indiqué l'entraîneur national El Haddi Djellab, qui a exprimé, cependant, son mécontentement concernant l'arbitrage dans certains combats livrés par les Algériens. Il a regretté cependant le ratage de la médaille d'or par Benchabla qui était bien parti pour être sacré champion méditerranéen. A Pescara, la boxe algérienne était représentée par neuf pugilistes qui ont réussi à faire mieux qu'à Almeria en 2005, où ils n'avaient décroché que deux médailles de bronze. A. B.