Il l'a dit ! Il l'a promis ! il l'a fait ! Rachid Hamani, digne fils de l'ancien boxeur mondial Loucif Hamani, a offert jeudi dernier une médaille d'or à l'Algérie, la première en vermeil aux Jeux méditerranéens que toute l'Algérie entière attendait fébrilement. Trente-six ans après son papa, champion qui avait décroché une médaille d'or aux Jeux africains de Lagos en 1973, Rachid Hamani est entré dans l'histoire de la boxe algérienne en offrant cette belle distinction à un pays qui lui est très cher, lui qui est pourtant né à Paris, mais qui a l'Algérie qui coule dans ses veines, ne serait-ce que pour suivre l'itinéraire exceptionnel de papa Hamani et de toute sa famille partagée entre l'Hexagone et le village d'Igoufaf, haut perché là-haut du côté de Aïn El-Hammam où le sens de l'honneur et de la dignité n'est pas un vain mot. Mon Dieu ce qu'il y avait comme passion et émotion jeudi après-midi au Palais des sports d'Avezzano, à une centaine de kilomètres de Pescara, une petite bourgade de montagne qui ressemble étrangement à sa Kabylie ne serait-ce que pour serpenter tous ces chemins qui montent et cette pluie fine qui arrosait abondamment la région alors que Pescara suffoquait sous une grosse chaleur. Moins nerveux que son père sur le ring, Rachid Hamani respirait plutôt un calme olympien même si la défaite injuste de son coéquipier Abdelhalim Ouradi planifiée quelques instants plus tôt par un arbitre grec bien orienté, l'avait quelque peu contrarié. Mais voilà que chez les Hamani, le tempérament de feu est transmis de père en fils car dans la salle d'Avezzano, un autre Hamani n'est pas passé inaperçu tant il vociférait et manageait le champion du jour avec une ferveur incroyable. C'était son frère Samir Hamani, son aîné de cinq ans qui est… boxeur lui aussi à Paris et qui fait tout pour perpétuer l'image du papa Loucif Hamani puisqu'il a versé lui aussi dans le professionnalisme depuis quelques années déjà. Et pour encourager le clan des Hamani, même leur coach parisien de Rachid était venu spécialement de Paris lui aussi pour manager son poulain et lui montrer le chemin du succès. “Vas-y Rachid ! Bouffe-le !” criait Samir au côté du coach national El-Hadi Djellab qui ne tenait pas en place lui non plus. “Prends garde et assure tes points et ta victoire !”, hurlait Rachid son coach de Villeneuve-le-Roi, à côté d'Orly. Et Rachid Hamani mena son combat avec tact et détermination. Il mena allègrement au score 2/1 au premier round, puis 4/2 au second round et finalement 7/5 au troisième round face au fougueux turc Adem Kulicci. Dans le camp algérien, c'est l'explosion de joie car cette première médaille d'or s'était fait réellement désirer à Pescara. Visiblement ému, Hamani junior avait du mal à tenir en place sur le ring puis sur le podium lui qui a eu l'insigne honneur de faire retentir pour la première fois l'hymne national Qassamen dans ces XVIes Jeux méditerranéens de Pescara. “Que voulez-vous que je vous dise sinon que je suis fou de joie. Cette médaille d'or je la voulais pour la dédier à tout le peuple algérien et surtout à mes parents, ma famille, mon père sans oublier ma chère grand-mère restée en Kabylie et qui aurait donné cher pour vivre cette journée mémorable !” disait Rachid Hamani sous le crépitement des flashes des photographes. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, l'autre bonne nouvelle de la journée venait de tomber au bon moment. Au stade Adriatico de Pescara Antar Zerguelaine venait de survoler les 1 500 m pour offrir une seconde médaille d'or à l'Algérie qui n'attendait que ce sursaut d'orgueil pour relever fièrement la tête dans cette belle région des Abruzzes. Certes, les responsables de la boxe algérienne auraient voulu s'assurer deux autres médailles en vermeil mais Ouradi en 54 kg et Benchabla en 81 kg échouèrent de peu en finale respectivement face à l'Italien Parinello et le Monténégrin Draskovic, mais le bilan était plus que satisfaisant car avec la bagatelle de cinq médailles (1 or, 2 argent et 2 bronze), ce sont encore une fois les boxeurs qui ont su honorer tel qu'il se doit les couleurs algériennes.