Pour qui et pourquoi formons-nous l'élite si elle ne sert pas ? Quels sont les métiers pour lesquels l'université doit s'investir ? Doit-elle former pour le tissu industriel actuel qui n´est plus que l´ombre de lui-même ? Les interrogations sont posées de manière constante par l'universitaire Chems Eddine Chitour dans la quête de provoquer un débat sérieux sur l'état des lieux et l'avenir de l'université algérienne qui n'arrive plus à sortir de l'ornière. Ces questions, ainsi que d'autres, méritent d'être posées loin des colloques et des séminaires qui ne servent en vérité qu'à dilapider l'argent public. Nous ne sommes plus à l'ère où l'université s'évalue au nombre de diplômés et d'inscrits enregistrés chaque année. L'exigence de qualité se fait de plus en plus sentir. Personne n'ignore cette vérité. Y compris les décideurs. Ces derniers semblent se plaire dans cette situation qui risque de coûter cher au pays, tant l'université algérienne n'accomplit pas sa mission. L'ambiance marquant la présente phase des inscriptions est manifestement révélatrice du moral qui anime les nouveaux inscrits de l'université. En plus des tracasseries quotidiennes liées à des procédures administratives, les heureux lauréats du baccalauréat cèdent de manière aussi rapide qu'inquiétante au désespoir. C'est que notre université ne motive plus -plutôt elle pousse à la résignation- dès qu'on frappe à sa porte. Le constat est valable s'agissant des enseignants qui continuent à subir un environnement dans lequel il est difficile de résister. Oui, il s'agit bien de la résistance, si l'on se réfère au nombre sans cesse croissant d'universitaires et de chercheurs ayant choisi de partir ailleurs, cédant le terrain aux apprentis. Aucun corps ne semble échapper à la crise qui couve dans notre université : lassitude chez les enseignants restés en poste et démotivation des étudiants, anciens et nouveaux. Les enseignants sont peinés de voir des postes non productifs plus valorisés que les leurs. Les étudiants, pour leur part, ne croient pas vraiment aux perspectives que leur offrirait l'université. L'addition des deux faits traduit l'état de léthargie qui caractérise notre université. A. Y.