Synthèse de Rachida Merkouche Les habitants des pays pauvres devront prier pour que le virus A(H1N1) ne fasse pas beaucoup de dégâts chez eux. Le vaccin, seul moyen de limiter la progression de la grippe porcine, ne leur sera pas accessible en raison de la priorité donnée aux pays développés. C'est ce qui a été révélé hier par la directrice de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, qui a déclaré que «les capacités de production de vaccin contre la grippe ne sont pas infinies et, malheureusement, insuffisantes pour un monde de 6,8 milliards de personnes, dont près de la totalité sont susceptibles d'être contaminées par ce virus entièrement nouveau et hautement contagieux». S'exprimant lors d'une conférence de l'Organisation mondiale sur la propriété intellectuelle (OMPI), la directrice de l'OMS a déploré le fait que «la part du lion de ces ressources limitées iront aux pays les plus aisés. Une fois de plus, nous voyons que l'avantage va à la richesse. Une fois de plus, nous voyons que l'accès [aux médicaments] est refusé en raison de l'impossibilité de les payer». Bien évidemment, les politiques publiques de santé ne peuvent réussir, elles «resteront imparfaites tant que l'accès aux actions qui sauvent des vies sera biaisé en faveur des plus aisés», a-t-elle estimé. Cette déclaration intervient au lendemain de celle d'une responsable de l'OMS, chargée de la recherche sur les vaccins, le docteur Marie-Paule Kieny, qui a prédit que tous les pays vont avoir besoin du vaccin contre la grippe porcine car la pandémie ne peut désormais être arrêtée. Lors d'un sommet au début du mois en cours au Mexique, les pays en voie de développement et l'OMS ont demandé des mesures pour assurer que les pays les plus pauvres aient, eux aussi, accès au vaccin par des dons, des prix plus avantageux ou que les pays les plus riches donnent une partie de leurs stocks. La directrice de l'OMS avait alors indiqué qu'un accord avait été trouvé avec deux groupes pharmaceutiques pour un don de 250 millions de doses aux pays en voie de développement, tout en relevant que ce nombre était «à l'évidence insuffisant». Un vaccin devrait être prêt en septembre ou en octobre, selon l'OMS.