La deuxième édition du Festival culturel panafricain d'Alger tire à sa fin et vit ses ultimes heures de fête, d'animation et de spectacles. Tout au long des quinze jours qu'aura duré cette manifestation, ressuscitée après 40 ans d'absence, Alger a été la capitale culturelle de l'Afrique, le cœur battant du continent noir. Toutes les facettes du patrimoine ancestral de ces peuples ont été exhibées au public algérois venu nombreux découvrir, pour bon nombre d'entre eux, la quintessence d'une richesse souvent peu ou mal connue. Aussi l'un des enseignements à tirer d'ores et déjà de ce festival n'est-il pas précisément le fait qu'il aura permis aux Algériens de découvrir l'autre, celui-là même qui partage avec lui un espace géographique défini et des liens historiques d'autant plus forts qu'ils ont été souvent marqués du sceau de la douleur et du sacrifice, les pays africains ayant enduré, pour la majorité d'entre eux, les affres d'un colonialisme barbare ayant spolié leurs richesses. A travers une fresque bigarrée déployée par les participants au Panaf mettant en avant la noblesse, l'authenticité et la beauté de l'art africain, le spectateur algérien s'est réapproprié une partie de ses racines. Cette manifestation aura, en effet, permis à l'Algérien de regarder son «frère africain» à travers son propre regard et non celui façonné par l'étranger qu'est l'Occidental. D'autant que l'appréciation de ce dernier est parfois biaisée, discutable, voire dépréciée. Car, que sait-on au fond des autres populations africaines, notamment les plus éloignées, à part ce que nous transmettent les médias occidentaux parfois comme clichés et préjugés. L'impact des chaînes de télévision notamment est considérable à ce propos sur l'esprit des téléspectateurs, tant elles peuvent parfois véhiculer des contrevérités historiques ou culturelles. Quant aux cartes postales qui mettent en relief la magie et la splendeur des brousses africaines et autres sites uniques du continent noir, nous ne les découvrons qu'à travers les émissions spécialisées diffusées via les satellites. De par leur rapprochement géographique avec l'Europe, les Africains du Nord, dont les Algériens, entretiennent hélas plus d'échanges avec le Vieux Continent qu'avec les autres parties de leur propre continent. Les Africains s'ignorent les uns les autres et il est temps d'y remédier. Certes, un Panaf ne peut à lui seul réparer le manque de communication et d'information qui caractérise les rapports interafricains, mais une manifestation d'une telle envergure peut grandement y contribuer. Et c'est ce qui a été fait… M. C.