Au moment où le ministère de la Santé fait état du renforcement du dispositif de surveillance contre la propagation du virus de la grippe porcine, l'Organisation mondiale de la santé a décidé, hier, de ne plus donner de bilan sur l'évolution de la pandémie. Les deux annonces confirment que la bataille ne sera pas gagnée de sitôt. En jugeant nécessaire de renoncer au bilan de l'évolution de la grippe porcine, l'OMS vise manifestement à éviter une situation d'angoisse et de psychose qui s'emparerait des populations dès la découverte de nouveaux cas de grippe. Chez nous, c'est la succession de nouveaux cas, même quand les analyses approfondies tendent à rassurer, qui impose le maintien du dispositif de surveillance. L'Algérie en est à son neuvième cas de grippe A (H1N1). C'est une situation d'urgence face à laquelle des moyens considérables ont été mis par les autorités publiques. La situation d'urgence ne doit pas néanmoins faire oublier aux responsables du secteur d'autres priorités en matière de prévention et d'hygiène contre des maladies qui menacent la santé des populations notamment en période estivale. En plus du degré de dangerosité de la grippe porcine, la santé des Algériens n'est pas à l'abri d'autres maladies qui se font jour pendant l'été. C'est pour cette raison que la maîtrise du secteur de la santé ne peut être garantie au détour de quelques mesures de circonstance prises dans la foulée d'une alerte planétaire. Il est plutôt question de la mise en place d'un système de santé en mesure de lutter contre toute éventuelle épidémie, mais surtout de nature à ne pas contenir des germes d'autres virus. C'est loin d'être le cas malheureusement. Il est vrai que le pays a accompli des avancées considérables en matière de santé. Il reste néanmoins beaucoup à faire à ce niveau. Le secteur a encore un besoin pressant de se débarrasser des comportements réactionnaires qui font qu'on ne s'attaque à une maladie que quand elle commence à sévir dangereusement. Nul doute que la prévention et l'hygiène sanitaire soient une affaire de tous les jours. Et un système de santé performant et efficace, c'est celui qui est doté d'outils et de moyens -financiers et humains- pour des prestations réussies aussi bien dans un contexte médicalement particulier qu'en temps ordinaire. S'il est permis de croire, jusqu'à présent, à une relative maîtrise du virus de la grippe porcine, nombreux sont cependant les Algériens, notamment ceux des couches défavorisées, à subir les imperfections d'un système de santé appelé à améliorer cette prestation quotidienne. A. Y.