Le mois de juillet rime dans la tradition de la vie politique algérienne avec le vent des vacances. Pourtant, ce n'est pas le cas cette année. L'effervescence qui règne dans les institutions élues mais aussi dans les états-majors des partis politiques augure un été laborieux pour les partis et le Parlement. Ce dernier, qui clôture traditionnellement sa session de printemps le début de ce mois de juillet, ne se décide toujours pas à suspendre l'activité de ses deux Chambres. Dans les couloirs de l'Assemblée populaire nationale, tout comme dans ceux du Conseil de la nation, on ne parle que de la révision constitutionnelle qui se précise de plus en plus. L'annonce du soutien du parti d'Ahmed Ouyahia, nouveau locataire du palais du gouvernement, à une révision constitutionnelle prochaine, permettant au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat, n'a fait que confirmer ce que l'on ressassait depuis plus de deux années. Une confirmation qui vient s'ajouter à la déclaration du président de l'APN, M. Abdelaziz Ziari, qui avait annoncé dans les colonnes de notre journal que cette révision ne saurait tarder, ainsi qu'à la déclaration de l'ancien chef de gouvernement et secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), M. Abdelaziz Belkhadem, dans les colonnes du quotidien français le Monde. Le doute n'est plus permis. La révision de la Constitution aura bel et bien lieu. Reste à savoir le moment et la manière que choisira le chef de l'Etat pour ce faire. La Constitution en vigueur lui offre deux modes d'emploi : la voie référendaire et la convocation des deux chambres du Parlement en congrès. Cette dernière formule semble agréer à l'ensemble de la classe politique, à commencer par le président de l'APN, qui l'avait privilégiée, et jusqu'au chef de gouvernement sortant qui avait précisé, dans son entretien, qu'une telle entreprise «n'altérant pas l'équilibre des pouvoirs en Algérie, la voie parlementaire pourrait suffire». Quant à la voie référendaire, celle qui a toujours agréé au chef de l'Etat, elle restera de mise. Le président de la République, qui avait déjà annoncé dans un entretien à l'agence britannique Reuters et au journal qatari Al Arab sa préférence pour la consultation populaire, a toute latitude de convoquer le corps électoral. Les urnes auxquelles recourt le chef de l'Etat depuis le référendum sur la concorde civile en septembre 1999 sont de toute évidence boudées par les Algériens depuis les élections législatives du 17 mai 2007. Les locales d'octobre 2007 n'ont fait que confirmer cette tendance. 0% du corps électoral ne vote plus. Le mécontentement des Algériens, qui ne ressentent pas les répercussions de l'embellie financière, serait un argument de plus pour mettre de côté la voie référendaire. Le chef de l'Etat, seul maître à bord de la barque révisionniste du texte fondamental, a tout le temps de peser le pour et le contre de l'option référendaire ou de la convocation d'un Parlement dont la légitimité est entachée par le fort taux d'abstention. Une chose est certaine, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République et chef suprême des armées, a toujours choisi de s'exprimer sur ces dossiers décisifs à l'occasion de dates symboliques. Saisira-t-il la date du 5 Juillet pour annoncer la révision de la Constitution ? Rien n'est moins sûr si l'on sait que le calendrier lui offre toute une panoplie de dates qui seraient toutes opportunes pour faire son annonce. G. H.