«J'espère que cette édition apportera un plus à ses précédentes car beaucoup d'efforts ont été déployés pour maintenir la longévité de ce festival», déclare M. Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat, lors du coup d'envoi officiel de la 31ème édition du Festival de Timgad, devenu le rendez-vous incontournable des Chaouis en s'imposant durant les années les plus rudes comme la seule échappatoire que possède cette ville. «Nous nous sommes lancé le défi de faire de ce festival un succès et cela dès sa création. Ces ruines romaines étaient désertées par la population durant les années noires mais nous avons tout fait pour redonner vie à ce lieu. Je pense que nous avons fait un grand pas, nous sommes passés par plusieurs étapes avant d'acquérir une telle notoriété au niveau national et international», dira M. Ben Torki, directeur de l'ONCI et commissaire du Festival de Timgad. Quelques minutes avant l'ouverture, les gens ont occupé les gradins ; ils semblaient être des habitués, eux dont la ville connaît un vide culturel difficile à combler. Le programme de la soirée est alléchant. L'animatrice rejoint la scène et annonce le début du spectacle. La troupe de danse Errahaba est la première à apparaître. Flûte et tar dans la pure tradition des Aurès, les danseuses effectuent leurs pas de danse. Parmi elles deux petites filles qui captivent la foule avec leur gestuelle appliquée, elles se donnent sur scène avec passion. Face à une telle prestation, le public ne peut qu'applaudir chaudement. Puis, c'est le tour de la troupe d'El Aïssaoua qui enchante le public. L'ambiance atteindra son summum lorsqu'elle entamera le titre Ya Belahcen. Les jeunes chantent en chœur, ravis de retrouver les fidèles du Timgad. Mais la troupe qui volera la vedette aux précédentes n'est autre que celle de nos chers gens du Sud «la troupe Choughli Tindi» dont les membres n'ont pas fait les choses à moitié. En effet, ils ont donné cinq spectacles en un. Sous la baguette du leader Choughli, la troupe monte sur scène. Un groupe de femmes au chant et à la danse, deux percussionnistes, un tindi et un guitariste. Ensemble, ils en mettront plein la vue au public déjà fasciné par leurs tenues traditionnelles. D'abord, ils commencent avec une représentation de l'imzad (instrument typiquement féminin), suivie dune danse appelée communément «jaguar». Elle est effectuée par deux jeunes femmes sahraouies avec une sensualité hors pair. La particularité du groupe est l'introduction d'une guitare électrique dans leur show. Les deux danseuses se retirent, laissant la place à un groupe d'hommes armés d'épées qui exécutent la danse guerrière «takuba». Leurs mouvements sont impressionnants, ils se déplacent très vite et effectuent des figures époustouflantes, épée à la main. A la fin de leur représention, ils arborent le drapeau national, le public est conquis, un tonnerre d'applaudissements salue la troupe. Après une 1re partie riche en surprises le jeune rappeur algérien Reda City 16 entre sur scène. C'est la folie ! Une incroyable hystérie s'est emparée des jeunes spectateurs qui semblent être des fans. Son entrée est grandiose. Accueilli comme une star, Reda se donne à fond. «Je n'ai rien à dire, les mots m'échappent» dira-t-il. Dès son 1er titre, ainik mlah, il enflamme la foule. Plus de 5 000 spectateurs chantent en chœur avec lui. Ensemble, ils parcourent ses plus grands tubes jusqu'à son dernier opus Bipili omri. «C'était géant, je n'avais jamais imaginé cela de toute ma vie», déclare Reda dans les coulisses. Le reste de la soirée sera assuré par le petit prince du raï, Faudel, qui, contrairement aux attentes des organisateurs, est passé presque inaperçu. Aux premières heures de l'aube, les gens commencent à quitter l'amphithéâtre. Faudel, non découragé, reprend ses succès, ceux issus de la formation «1, 2, 3 Soleil» et ceux de son album Beida. Il fera une reprise de Bakhta du king du raï Khaled Hadj Brahim. La soirée se terminera vers 3 h 00. Pour la seconde soirée, celle de jeudi, le public était nombreux. L'exotisme et la découverte étaient au menu avec Los Gaiteros de San Jacinto ou les jours de Gaiteros de San Jacinto. Un groupe de musiciens venus spécialement de la Colombie pour faire découvrir aux gens de Batna toute la beauté de leur musique folklorique. Mais, hélas, le public ne semble pas enthousiaste. Ils passeront presque inaperçus sur scène. Idem pour le chanteur de hawzi Nasr Eddine Chaouli, dont le style musical ne correspond guère aux gens de la région. Après un bouquet de chansons algéroises, il laissera la place à Wahid Staïfi qui met le feu aux gradins. Dès son entrée, on constate qu'il possède une grande popularité chez le public qui reprend ses titres avec lui. Il le fera danser sous le rythme de Ya Fatma et quelques standards de la musique sétifienne. Ce n'est que sur les coups de minuit que cheb Anouar, le préféré du public de Batna, entre sur scène. Accompagné du groupe de musiciens «Sono Star», il gâtera ses fans avec un titre dans le genre maghrébin. La foule est déchaînée ! Le temps de quelques titres, Anouar annonce la fin du concert juste après son tube Goulili je t'aime. W. S.