Entretien réalisé par Amel Bouakba La Tribune : L'obésité a pris de l'ampleur dans notre pays. A quoi cela est-il dû selon vous ? Dr Abdellah Lahlou : en effet, l'obésité a pris une telle ampleur qu'elle peut devenir, si l'on ne prend pas des mesures préventives, un grand problème de santé publique. Le changement intervenu ces dernières années dans les habitudes alimentaires des Algériens y est pour beaucoup. Nous sommes passés du mode traditionnel au fast-food et à la restauration rapide. Les règles d'hygiène diététique ne sont plus respectées, les fast-foods pullulent à chaque coin de rue. Le repas familial a tendance à disparaître pour faire place à une alimentation déséquilibrée qui peut conduire à l'obésité et avoir des conséquences très graves sur la santé. Quelles sont donc les causes de l'obésité et les maladies qu'elle entraîne ? Plusieurs facteurs permettent d'expliquer l'obésité. Il est vrai que les facteurs génétiques ont un rôle indéniable mais ne sont pas les seuls responsables. En effet, outre la malbouffe et l'alimentation trop riche en graisse et en sucre, l'obésité, qui ne cesse de progresser, s'explique par un changement du style de vie des Algériens qui devient de plus en plus sédentaire. Ainsi, le manque d'activité physique et la sédentarité, combinés à un apport énergétique trop élevé, constituent les facteurs de risque d'obésité. Le manque d'activité physique et la sédentarité favorisent la prise de poids aussi bien chez l'adulte que chez l'enfant… Le surpoids représente un danger pour la santé de l'individu car il peut entraîner plusieurs maladies dangereuses, notamment les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, le diabète et l'augmentation du taux de cholestérol dans le sang, une hernie discale... Vous avez vous-même beaucoup travaillé sur la question du surpoids ... En effet, cela fait quatre ans que je travaille sur le sujet. C'est un sujet qui m'intéresse énormément J'ai lancé une étude qui a porté sur une cinquantaine de personnes souffrant de surpoids, dont l'âge varie entre 18 et 65 ans. J'ai commencé par ma propre fille qui souffrait de surcharge pondérale. J'ai initié un traitement qui associe phytothérapie, acupuncture et mésothérapie pour combattre l'obésité. J'utilise l'acupuncture comme coupe-faim, la mésothérapie pour dissoudre les graisses et la phytothérapie pour mettre en confiance le patient et l'aider à adopter un régime sain. J'utilise dans ce cadre des kits minceur de phytothérapie. Quels sont les taux de succès enregistrés grâce à cette méthode ? Je dois dire que les taux de succès sont satisfaisants. Ils sont estimés à 89%. J'ai eu à suivre et à surveiller régulièrement la cinquantaine de patients sur une période de deux à six mois. La majorité a réussi à perdre le surplus de kilogrammes en adoptant un comportement alimentaire sain sans pour autant se priver et en augmentant l'activité physique. Il ne s'agit pas forcément de faire du sport mais d'augmenter l'activité physique comme la marche par exemple. J'estime par ailleurs qu'il est essentiel de prévenir l'obésité chez les enfants. A ce propos, il est primordial d'impliquer les médecins de l'hygiène scolaire. Une bonne éducation nutritionnelle dès l'enfance permet de lutter contre le phénomène de surpoids. Que pensez-vous des gélules et plantes amaigrissantes commercialisées ? Il faut savoir que les produits anti-obésité dits «miracles» n'existent pas. Rien ne vaut un régime sain et équilibré, une activité physique régulière et une bonne dose de volonté. Les régimes draconiens sont en revanche à éviter de même que certaines gélules amaigrissantes extrêmement dangereuses. Idem pour certaines plantes qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Les charlatans dans ce domaine sont nombreux. Les plantes auxquelles on attribue toutes les vertus ne sont pas dénuées de risque. Certaines préparations de plantes amaigrissantes peuvent, entre autres, entraîner des insuffisances rénales majeures. D'autant que nous ne disposons pas en Algérie de laboratoire de contrôle des plantes. Donc, la prudence est de mise !