La surcharge pondérale est souvent interprétée comme un signe de «bonne santé» chez nous. L'obésité s'est invitée aux travaux de la première journée du Congrès international sur la cardiologie tenu jeudi et vendredi à Oran. Le surpoids est très négligé dans la santé de l'homme en Algérie. Il mérite une attention pour le moins informative et préventive. Une communication, faisant partie de la troisième session de ce congrès, aborde le thème médical «Obésité abdominale et syndrome métabolique en Oranie». Dans son intervention, le docteur S.A. Benachenhou a présenté les résultats et les conclusions d'une enquête effectuée sur 1087 cas d'obésité dans cette région du pays, touchant des sujets de 16 à 80 ans, dont 734 de sexe féminin. L'attention est attirée sur l'évaluation et la classification des risques et l'intérêt de mesurer le périmètre abdominal ou indice de masse corporelle (IMC), en référence à trois études récentes. Pour beaucoup d'Algériens, l'obésité n'est pas considérée comme une maladie. Pour certains, être gros, n'est pas forcément être en «mauvaise santé», mais au contraire en «meilleure santé» que les autres. Parfois dit-on, c'est le signe d'un «bon statut social». Hélas! la vérité est tout autre. Aussi est-il impératif et urgent de tirer la sonnette d'alarme avant que l'Algérie ne devienne un «Fatland» (terre des gros) comme aux Etats-Unis. Il est souhaitable que des mesures préventives soient envisagées. Elles seraient basées sur l'information de la population, sur les effets néfastes de l'obésité sur la santé et sur l'efficacité d'une alimentation moins riche en calories, associée à une activité physique régulière. Les médias trouveront là un champ fertile d'exploitation fort utile pour sensibiliser une population mal informée. A l'image des pays développés, déjà rongés par ce mal, des émissions ou enquêtes visuelles seraient les bienvenues et certainement bénéfiques pour prévenir, un tant soit peu, ce déséquilibre physique hideux et inquiétant. En effet, confrontée à un manque d'informations, notre société continue à se complaire dans de mauvaises habitudes nutritives en consommant les aliments de façon anarchique, sans surveillance ni prudence. Cela conduit à une suralimentation qui entraîne des problèmes de surpoids. Cet état, s'il n'est pas soigné à temps, peut vite devenir de l'obésité et peut, par la suite, dégénérer en maladies plus graves. Les chiffres alarmants de la seule enquête réalisée récemment par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dans les wilayas de Sétif et de Mostaganem, montrent que 53% des femmes et 36% des hommes sont atteints de surpoids et d'obésité. Par ailleurs, plusieurs médecins ont confirmé que l'obésité enfantine est en pleine progression dans notre pays. Contrairement à l'Algérie, les pays développés ont un budget spécial destiné à la recherche de solutions pour diminuer ce fléau. En Algérie, et en l'absence d'une réelle prise en charge, l'obésité continuera à coexister avec la «malnutrition». Mal informés, certains ne feront attention à leur poids qu'une fois le mal fait. Ils le feront surtout pour leur «look». L'obésité est la première maladie non infectieuse de l'histoire. Sur 6 milliards d'individus, 3 milliards sont sous-alimentés et les autres sont en train de devenir obèses!