Pour beaucoup d'Algériens, l'obésité n'est pas considérée comme une maladie à part entière. Pour certains, être gros, ce n'est pas forcément être en mauvaise santé, mais au contraire en meilleur santé que les autres. Pour d'autres, c'est le signe d'un bon statut social. Confrontée à un manque d'informations, notre société continue dans ces mauvaises habitudes, en consommant les aliments d'une façon anarchique et sans surveillance. Cela va jusqu'à la suralimentation, qui peut entraîner des problèmes de surpoids, et si ce n'est pas soigné à temps, ça peut vite devenir une obésité, qui peut par la suite conduire à des maladies encore plus graves. Les chiffres alarmants de la seule enquête, réalisée récemment par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dans les deux wilayas de Sétif et de Mostaganem, montrent que 53% des femmes et 36% des hommes sont atteints de surpoids et d'obésité, et plusieurs médecins nous ont confirmé que l'obésité enfantine est en pleine progression. Selon cette enquête, ce phénomène touche de plus en plus les jeunes. Avant, l'obésité touchait surtout les personnes atteintes de maladie comme le diabète ou encore les gens d'un certains statut social, qui pouvaient se permettre des excès d'alimentation. Maintenant, toutes les couches sociales sont concernées par le phénomène qui prend de l'ampleur. Les changements socioéconomiques ont une part de responsabilité, mais c'est le déficit en information qui est le premier responsable de cette situation critique. C'est en apprenant à nos enfants comment manger en fonction de leurs activités qu'on sauvegardera leur bonne santé. Ce phénomène est également dû au manque d'activité physique. Si les hommes pratiquent du sport ou jouent au football durant les week-ends, cela reste insuffisant, mais ils sont mieux que les femmes qui, elles, n'en font que très rarement, ou pas du tout. Il est connu que le sport féminin reste sous-développé chez nous. La pratique est souvent l'apanage d'une certaine élite. Or, il n'existe pas de meilleur remède contre l'obésité que le sport qui aide à réguler le taux de sucre dans le sang. L'exercice physique élimine l'accumulation du sucre et le surplus de masse graisseuse qui peuvent causer des problèmes cardio-vasculaires, respiratoires voire même des cancers. Les obèses peuvent avoir des malaises psychologiques dus au « regard » de la société. Dans les pays occidentaux, où l'obésité est considérée comme une maladie, la prise en charge se fait par les services sociaux. Dans ces pays, pas moins d'un enfant sur trois est obèse. Aux Etats-Unis, où cette maladie est plus répandue, on estime que 80% des personnes âgées de plus de 25 ans souffrent d'excès de poids. Cette proportion n'était que de 71% en 1995, 64% en 1990 et 58% en 1983. Contrairement à l'Algérie, les pays développés ont un budget spécial destiné à la recherche de solutions pour diminuer ce fléau. Chez nous, et en l'absence d'une réelle prise en charge, l'obésité continuera à coexister avec la malnutrition. Mal informés, certains ne feront attention à leur poids qu'une fois le mal fait. Une sensibilisation et une prévention s'imposent.