De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali L'acteur de télévision syrien, Djamel Souleïman -très connu du public algérien pour ses nombreuses apparitions dans les séries arabes- a considéré que la coopération entre les pays arabes est un impératif et que les cinéastes comme les dirigeants de la culture devraient élaborer une stratégie pour surmonter les difficultés qui l'interdisent : «Nous voyons bien que les pays qui sont à l'origine de l'apparition du cinéma coproduisent films et séries et n'ont aucune difficulté à travailler en commun. Pourquoi pas nous ?» s'est interrogé l'acteur dans une conférence de presse tenue hier à Oran, en n'hésitant pas à fustiger, avec le sourire et beaucoup d'humour, certains médias égyptiens et syriens auxquels il reproche des «écrits hallucinants» au lendemain de la diffusion de la série égyptienne Hadaik echaiatin (les jardins des démons) dans laquelle il tient le rôle principal : «Pour les premiers, ma participation à la série procédait d'un complot syrien pour torpiller la télévision égyptienne alors que les seconds affirmaient que les Egyptiens m'avaient recruté pour arrêter l'évolution dangereuse de la télévision syrienne. J'étais effaré par la position de ces journaux !!» a-t-il déclaré en reconnaissant néanmoins que les médias «qui comptent dans le monde du cinéma» ont applaudi cette coopération. Djamel Souleïman a également ajouté que, s'il y a près de 20 ans le public arabe s'étonnait de voir des présentateurs ou animateurs de différentes nationalités travailler ensemble sur les nouvelles chaînes satellitaires arabes, il ne s'en formalise plus aujourd'hui, son seul souci étant de choisir ses programmes : «Nous sommes à l'ère de la mondialisation et le secteur du cinéma n'a d'autre choix que de s'adapter.» Bien qu'il affirme comprendre que les secteurs de la santé ou de l'éducation soient prioritaires dans la répartition des budgets gouvernementaux, Djamel Souleïman n'accepte pas pour autant que le secteur de la culture «ne bénéficie que de miettes». Ce qui évidemment pousse cinéastes et producteurs à chercher les finances ailleurs, en Occident notamment : «Je ne suis pas contre le soutien étranger, a-t-il indiqué -probablement pour souligner que sa position est différente de celle affichée la veille par Azzeddine Mihoubi qui avait averti contre cette tendance- Mais je me demande où sont les soutiens financiers arabes, l'argument du manque d'argent ne tenant pas la route.» Argument que personne ne songerait à contester, certains pays arabes comptant parmi les plus riches de la planète : «Le problème réside surtout dans l'absence de la volonté politique chez les dirigeants et décideurs arabes.» Pour autant, des tentatives et projets de coopération entre pays du monde arabe sont signalés ici et là : «Moi-même, je dois jouer dans deux films dont l'un devrait être coproduit par la Syrie et le Maroc en attendant la réponse de l'Algérie et de Abu Dhabi avec lesquels les négociations sont en cours.» Exprimant sa satisfaction de participer à un festival oranais «qui prend de plus en plus d'envergure», Djamel Souleïman a tenu à mettre les points sur les i : «Il n'y a pas et il n'y a jamais eu de boycott syrien comme certains journaux ont pu le croire. Je n'ai pas pu assister au festival de l'année dernière et beaucoup de mes confrères syriens n'ont pas pu participer au festival de cette année à cause d'obligations professionnelles, rien d'autre.» Considéré comme l'un des acteurs syriens les plus brillants, Djamel Souleïman a commencé sa carrière artistique au théâtre étudiant syrien dans le milieu des années 70 avant de rejoindre la nouvelle Ecole des arts, née alors qu'il venait de réussir son baccalauréat : «Ce fut là ma première chance, a raconté l'acteur. Ma deuxième a été qu'à mon retour d'un stage d'études artistiques que j'avais effectué à Leeds en Angleterre, la télévision syrienne, comme l'égyptienne, émergeait d'un long sommeil alors que le théâtre sombrait et que le cinéma demeurait quasi moribond.» Grâce notamment à la libéralisation du secteur et l'apparition des chaînes satellitaires : «Ce qui m'a permis de jouer dans un grand nombre de séries. Aujourd'hui, l'Egypte et la Syrie peuvent s'enorgueillir d'une excellente coopération cinématographique ; il y a un grand échange d'acteurs, de cinéastes et de techniciens entre les deux pays.» Ce que Djamel Souleïman souhaite pour l'ensemble des autres pays arabes qui, affirment-ils, disposent des moyens humains et matériels nécessaires. Ne manque que la volonté politique.