De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le développement anarchique durant les trois dernières décennies de Tizi Ouzou a créé un chaos urbanistique unique à l'échelle de la région et peut-être même à l'échelle de tout le pays. L'extension très approximative et vorace de l'espace urbain du chef-lieu de wilaya a eu des conséquences désagréables sur la normalisation des autres services et activités sociales et économiques au point qu'il est difficile de croire qu'il s'agit là d'une cité de 140 000 habitants, considérée comme étant le cœur de la région, gérée par des personnes censées avoir le goût de l'esthétique ou capables de trouver au moins des solutions de rechange à ces quartiers usés et sales et aux croisements de rues ni piétonnes, ni commerçantes, ni rien du tout, pour ne pas tuer d'ennui et d'impatience ses résidants et les automobilistes de passage. On ne sait pas encore à quelles exigences répond la révision du plan de développement d'aménagement urbain (PDAU) qu'on a récemment présenté au ministre des Transports en visite à Tizi Ouzou mais l'augmentation du périmètre urbain du chef-lieu de wilaya de 700 ha prévu dans ce plan pourrait ne pas avoir de résultats positifs si de telles assiettes supplémentaires sont gérées avec la même «vision» de l'aménagement urbain et du développement. Le secteur des transports, celui plus particulièrement urbain, a été l'un des premiers à subir cette gestion à l'aveuglette des affaires publiques.La libéralisation sauvage des activités économiques et la casse qu'a vécues le secteur public au début des années 1990 a créé des situations incontrôlées et incontrôlables caractérisées entre autres retombées par un engouement sans limite et désorganisé pour le créneau des services. Ce boom artificiel de l'offre en la matière n'a pourtant pas réglé les problèmes du secteur à Tizi Ouzou-ville et dans tous les grands centres urbains de la wilaya. La qualité des transports est partout déplorée par les usagers alors que la quantité jugée appréciable du parc n'est pas utilisée de façon rigoureuse comme le montrent par exemple les défaillances lors des journées qui précèdent les fêtes et les congés annuels ainsi que l'état insalubre des stations et arrêts de bus et fourgons, toutes destinations confondues. Les autorités locales et des organismes de wilaya d'aide à la création d'emplois pour les jeunes étaient d'ailleurs portés sur la suspension des subventions au secteur des transports pendant des années. Même la Direction des transports de la wilaya (DTW) avait longtemps arrêté la délivrance d'autorisations de transport et n'a relancé les nombreux demandeurs qu'au mois de juin dernier. Cependant, «cette mesure, très attendue et souhaitée par un nombre important de demandeurs, ne concerne pas le transport urbain au chef-lieu de wilaya déjà asphyxié par la densité de la circulation», a-t-on précisé à la DTW. La reprise des autorisations de transport en milieu urbain a été conditionnée par l'aboutissement du plan de transport et de circulation de la ville de Tizi Ouzou. Cela dit, c'est justement pour améliorer les conditions de transport de voyageurs dans la ville qu'il a été créé cet été une entreprise, la quatorzième du genre à l'échelle du pays, dénommée Etablissement de transport urbain de Tizi Ouzou (ETUTO) inaugurée par le ministre avec trois lignes urbaines sur les six prévues, selon un schéma de la DTW. Il s'agit des lignes suivantes : centre-ville-Bouhinoun, Naftal-Timizar Loughbar et Oued Falli-station de Beni Douala. Pour ces premières, 14 bus ont été mis en service par la nouvelle entreprise (son investissement est estimé à environ 101 millions de dinars) employant 68 agents. Les 30 bus sont adaptés aux handicapés et aux personnes âgées. Ainsi, la mise en service des dessertes manquantes (Nouvelle - ville-centre - ville, par la cité Krim Belkacem, puis Bouhinoun - centre-ville par Nouvelle ville et station Timizar Loughbar-hôtel Amraoua) est liée à l'achèvement des cinq gares intermédiaires, dont une gare multimodale de type (A) à l'ouest et une autre de type suburbaine et rurale à l'est toujours en cours de réalisation. A l'occasion de la visite ministérielle, un plan de circulation de la ville de Tizi Ouzou a été présenté sur site au public : il s'agit de la réalisation de gares intermédiaires à la périphérie de la ville de Tizi Ouzou pour permettre au centre-ville de respirer un tant soit peu. La construction de deux parkings à étages, l'un à proximité du stade du 1er Novembre et l'autre du côté du marché de gros est un projet important du plan de la circulation, selon la DTW.Mais au vu du laisser-aller et des retards dans la réception des projets, il est encore trop tôt pour parler de la fin du calvaire des usagers.