Dès qu'une activité présente un caractère lucratif, les lois de la compétitivité entrent en scène. Rien ne prédisposait une discipline consistant à courir derrière un cuir rond, à devenir un business. Pourtant, le premier club de football professionnel dans le monde, Notts County (basé à Nottingham en Angleterre), date de 1863. Depuis, le football est devenu le sport roi. Non seulement pour l'attrait qu'il présente pour les spectateurs, mais également par les énormes sommes entourant la discipline. Et, qui dit argent dit convoitise, donc contrôle et organisation. Le 28 décembre 2007, la FIFA impose, à travers la circulaire 1128, un règlement sur la procédure pour l'octroi de licence aux clubs. Toutes les fédérations de football à travers le monde doivent s'y conformer avant la date butoir de 2011. Ce système vise à garantir que «les clubs participant aux compétitions internationales remplissent les exigences standard minimales», est-il noté dans la circulaire. En Algérie, la Fédération locale répercute le mot d'ordre. M Mohamed Raouraoua, premier responsable de la FAF, annonçait en février dernier : «A terme, il faut mettre en place une ligue de football professionnelle même si cela doit se faire avec dix clubs seulement.» La sentence est tombée. Mais qu'est-ce que la professionnalisation ? Trois sens se dégagent. Organisation sociale, quand il s'agit des activités. Transmission de savoir et compétence quand cela concerne des acteurs. Et formalisation d'un système d'expertise pour les organisations. Or, à voir ce qui se passe dans le championnat algérien de football dans ses différents paliers, la tâche va être des plus rudes. Car, en fait, il faut inculquer l'esprit d'entreprise aux gestionnaires et acteurs du football national pour enfin accéder à un stade d'indépendance et d'autonomie recherché. Dans les cahiers des charges, puisqu'il en existe, d'un club de football professionnel, les exigences sont importantes. Des critères draconiens sont imposés. Un stade calibré, un staff technique diplômé, des opérations financières régulées… Combien de clubs en Algérie peuvent se targuer d'avoir un terrain de jeux respectant les normes internationales ? Rappelons qu'on n'a pas encore entendu parler d'un stade construit par les subventions d'un club ; c'est toujours l'Etat qui bâtit. La question mérite d'être posée. Y a-t-il, en Algérie, une équipe qui puisse remplir toutes les conditions nécessaires pour entrer dans la cour des grands ? Certes, de temps à autre on entend parler de sommes importantes dépensées pour le transfert d'un joueur, mais cela reste minime. Un autre, facteur détermine le professionnalisme, c'est la quête de rentabilité et d'efficacité. Dans ce sens, quand va-t-on exiger d'un joueur qu'il soit rentable ? Acquérir un attaquant à plusieurs millions de dinars sans lui assigner un objectif tangible, par exemple le nombre de buts à marquer au cours de la saison, ne peut être considéré comme un acte professionnel. En plus clair, pour une ligue de football professionnelle en Algérie, il ne s'agira pas seulement de cadrer le championnat, mais c'est tout un esprit à inculquer aux «professionnels» qui entourent ce sport. S. A.