Bien que le niveau de l'intermédiation bancaire s'améliore progressivement, les indicateurs y afférents restent en deçà de ceux atteints dans les pays méditerranéens voisins de l'Algérie. A fin 2008, les crédits à l'économie, y compris les créances non performantes rachetées par le Trésor par émission de titres (titres non échus) et les crédits des établissements financiers représentent 51,7% du produit intérieur brut hors hydrocarbures, contre 56,7 % en 2007, précise la BA. La même source justifie cette baisse par les remboursements par anticipation des obligations de rachat de créances non performantes sur les entreprises publiques effectuées par le Trésor. L'évolution des crédits distribués par les banques est plus importante qu'en 2007. L'institution que dirige Mohamed Laksaci a pris le soin de préciser l'évolution de l'activité de crédit à 1'économie des banques, y compris la caisse d'épargne, et ce, après déduction des créances non performantes rachetées par le Trésor public. Dans le total des crédits distribués, la part des banques privées est en progression. «Bien que lente, cette évolution est appréciable, à mesure qu'elle porte sur le financement des entreprises privées et des ménages», note-t-elle. Le total des crédits des banques, hors rachat de créances non performantes par le Trésor entre 2005 et 2007 (94,8 milliards de dinars), est passé de 2 298,6 milliards de dinars à fin 2007 à 2 708,9 à fin 2008, correspondant à un accroissement de 17,8% contre 15,2% en 2007. Après déduction des rachats de créances non performantes, 1'accroissement des crédits des banques en 2008 s'établit à 18,6 %, contre 15,7% en 2007. Les crédits au secteur privé se sont accrus de 16,2%, contre 15% en 2007 et les crédits au secteur public de 21,5%, contre 16,6% en 2007. «La part des crédits au secteur privé dans 1'encours total des crédits distribués par les banques est passée de 55,1% à fin 2007 à 54% en 2008. Aussi, l'encours des crédits distribués au secteur public [crédits rachetés par le Trésor déduits] reste important, représentant 46 % du total des crédits à 1'économie, soit 42,5% en crédits directs et 3,4% en achat d'obligations émises par les entreprises publiques, contre 44,9% en 2007 [40,9% en crédits directs et 4 % en achat d'obligations]», ajoute plus loin ledit rapport. Absence de comparaison distincte entre les crédits accordés aux entreprises publiques et au secteur privé Par ailleurs, il est utile de signaler que les banques publiques assurent la presque totalité du financement du secteur public, alors même que leur part dans le financement du secteur privé demeure importante, soit 77% en 2008, contre 79,4% en 2007. «Au cours de 1'année 2008, le flux des crédits des banques publiques a bénéficié plus aux entreprises publiques qu'aux entreprises privées et ménages, les banques publiques finançant les grands projets d'investissement des entreprises publiques dans les secteurs de 1'énergie et de 1'eau», relève-t-il. L'accroissement des crédits distribués par les banques privées en 2008 s'établit à 29,6% contre 42,1% en 2007. L'évolution des crédits des banques privées en 2008, dont le taux est plus élevé que celui des banques publiques, a bénéficié exclusivement aux entreprises privées et ménages et a conduit à 1'augmentation de leur part dans le marché de crédits (12,5% en 2008 contre 11,5% en 2007). Au sujet des crédits à moyen et long terme, ils représentent 54,5% de 1'encours de crédits distribués contre 45,5% pour les crédits à court terme. L'explication fournie par la mère des banques est qu'il s'agit d'une nouvelle tendance amorcée à compter de 2006, due, notamment, à la progression des crédits à long terme distribués pour financer les investissements dans les secteurs de 1'énergie et de 1'eau. Par ailleurs, l'augmentation des crédits hypothécaires et des crédits de financement d'autres biens durables aux ménages a contribué à cette tendance haussière des crédits à moyen et long terme. Ceci dit, les responsables de la Banque d'Algérie n'ont pas pris le soin de comparer d'une manière distincte les crédits accordés aux entreprises publiques et ceux au secteur privé. La prédominance des banques publiques et la rentabilité des banques privées Si les banques publiques prédominent toujours par 1'importance de leur réseau d'agences réparties sur tout le territoire national, les banques privées enregistrent des taux de rentabilité très importants, atteignant 25,60% en 2008. Le rapport de la Banque d'Algérie a indiqué, toutefois, que le marché bancaire algérien enregistre toujours des taux de rentabilité aussi importants. Et globalement, l'Algérie affiche des taux exceptionnellement élevés, sans équivalent en Méditerranée. Cela est dû, entre autres, au fait que les banques étrangères prospèrent, notamment, grâce aux crédits à la consommation et automobile. «Elles ne participent que très faiblement au financement des entreprises, une activité souvent assurée par les banques publiques», note la BA. Au sujet de la prédominance des banques publiques, le même rapport le justifie par 1'importance de leur réseau d'agences réparties sur tout le territoire national. En effet, et à fin décembre 2008, le réseau des banques publiques comprend 1 057 agences et celui des banques privées et établissements financiers 244 agences, contre 196 en 2007. Le total des guichets d'agences (sans succursales) des banques s'établit à 1 301 contre 1 233 en 2007, soit un guichet pour 26 400 habitants, contre 27 400 en 2007. Mais le rythme d'implantation d'agences des banques privées s'est nettement accéléré ces dernières années. Il en résulte une progression rapide de l'activité des banques privées, qui contribue au développement de la concurrence aussi bien au niveau de la collecte des ressources qu'au niveau de la distribution de crédits et de 1'offre de services bancaires. S. B.