“L'enjeu pour le secteur bancaire algérien réside dans son développement plutôt que dans sa stabilité”, a indiqué récemment le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, soulignant que la résilience du secteur aux “chocs” s'est relativement consolidée, en contexte d'amélioration progressive de l'intermédiation bancaire et de l'augmentation de l'efficacité fonctionnelle des banques publiques. M. Mohamed Laksaci a rappelé que les premières réformes financières engagées au cours des années 1990 se sont accompagnées de défaillances de petites banques privées, voire la faillite de certaines d'entre elles, débouchant sur des retraits d'agrément entre mi-2003 et début 2006. Par ailleurs, des actions ont été menées par l'Etat propriétaire des banques publiques pour améliorer leur gouvernance (contrat de performance avec les présidents des banques publiques, conventions Etat/administrateur...) et assurer la mise à niveau de leurs fonds propres et ce, en plus de l'assainissement de leurs portefeuilles. “Sous l'angle des résultats atteints, l'approfondissement des réformes bancaires, principalement entre 2003 et 2008, a permis le renforcement de la stabilité du secteur bancaire”, a estimé le gouverneur. Le soutien apporté par l'Etat aux banques publiques durant les quinze dernières années a joué un rôle important en la matière. “Ce soutien financier est évalué à 2,6% du produit intérieur brut en moyenne annuelle pour la période 1991-2002 et 1,7% pour les années 2005-2006”, a relevé M. Laksaci. Pour autant, le taux de bancarisation sous l'angle du développement du réseau reste encore faible comparativement au niveau atteint dans les pays dont le développement est proche de celui de l'Algérie. Sous l'angle de la solvabilité des banques, et à fin 2007, le ratio fonds propres/risques encourus se situe en moyenne à 12,85% contre 15,15% à fin 2006 ; les banques ayant provisionné davantage en 2007. Le ratio de couverture des risques se situe entre 11,3 et 20% pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, sachant que le ratio réglementaire est de 12 % dans certains de ces pays. Par ailleurs, le ratio fonds propres de base par rapport au total des actifs nets des provisions constituées est de 6,39% à fin octobre 2008 pour les banques exerçant en Algérie, soit un niveau relativement faible par rapport au taux moyen des pays de la région. Cette faiblesse des fonds propres de base des banques exerçant en Algérie est confirmée par le niveau du ratio fonds propres de base sur le total des engagements qui est estimé à 6,43% à fin octobre 2008. En terme de taille du secteur bancaire, à la lumière des ratios utilisés au niveau international, le premier indicateur représenté par le ratio masse monétaire M2 sur le produit intérieur brut montre une expansion progressive du secteur bancaire en Algérie : 53,8% en 2005, 56,7% en 2006 et 64,4% en 2007. Ce ratio est estimé à 62,1% à fin 2008. “Le niveau de ce ratio ne traduit pas pleinement le développement du secteur bancaire en Algérie, car une partie de l'épargne budgétaire est accumulée dans le Fonds de régulation des recettes”, a précisé le gouverneur de la Banque d'Algérie. Le second indicateur du développement du secteur bancaire, représenté par le rapport entre le total des actifs des banques et le produit intérieur brut, se situe pour les banques en Algérie à 69,2% en 2007 contre 60,7% en 2006 et 54,7% en 2005. Il est estimé à 67% en 2008. L'indicateur portant sur l'intermédiation bancaire, vue sous l'angle du ratio crédits à l'économie par rapport au produit intérieur hors hydrocarbures, passe de 54,2% en 2005 à 53,8% en 2006 et 52,9% en 2007. “Pour l'année 2008, ce ratio est estimé à 52,5%, témoignant de la bonne reprise des crédits à l'économie alloués notamment aux financements des investissements et ce, malgré le remboursement par anticipation d'une partie des crédits rachetés par le Trésor”, explique M. Laksaci. L'encours des crédits au secteur privé par rapport au total des crédits distribués a progressé significativement, passant de 44% en 2004 à 53% en 2007 et 55% en octobre 2008 ; l'année 2008 enregistrant une croissance des crédits à l'économie de 14%. Cependant, le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué que “l'expansion des crédits bancaires à l'investissement, ces dernières années, se conjugue avec des crédits compromis au titre des crédits anciens concentrés qui font l'objet d'importants provisionnements”. Meziane Rabhi