Photo : Riad Par Ali Boukhlef A six jours de la «rencontre informelle» qui doit réunir, le 9 août à Vienne, les représentants du Maroc et ceux du Polisario, les enchères commencent à monter. Et les déclarations, aussi contradictoires que prémonitoires, se succèdent. Ainsi, l'ambassadeur sahraoui à Alger, Ibrahim Ghali, a demandé à la communauté internationale d'«amener le Maroc à coopérer» pour une solution à la question sahraouie. «Il est temps que l'Organisation des Nations unies [ONU] assume ses responsabilités vis-à-vis de la question sahraouie», a soutenu le diplomate dans une déclaration hier à l'APS. Evoquant les entraves marocaines, M. Ghali a rappelé que «tous les efforts déployés par l'ONU depuis l'entrée en vigueur du plan de règlement en septembre 1991 étaient vains à cause des entraves marocaines qui persistent jusqu'à présent». «Ces entraves sapaient à chaque fois les efforts à même d'aller de l'avant lors des précédents rounds de négociations», a indiqué le diplomate sahraoui. «Nous souhaitons que M. Ross puisse amener le Maroc à coopérer aussi bien avec lui [Ross] qu'avec le Front Polisario pour aller de l'avant vers une solution juste et durable à cette question», a-t-il poursuivi. Cela passe, a-t-il soutenu, par le respect des résolutions des Nations unies qui invitent les deux parties en conflit à entreprendre des négociations sans conditions préalables et de bonne foi, toujours selon la même source. La même requête est également exprimée par le représentant du Polisario en Espagne, Bucharaya Hamoudi Beyoun, qui, dans une déclaration reprise par l'agence sahraouie d'information, a qualifié de «mort» le plan d'autonomie marocain. Le peuple sahraoui «n'est pas disposé à discuter cette proposition, ni avec le Maroc ni avec l'ONU ou toute autre partie», a-t-il estimé, mettant ainsi des balises à une reprise des négociations. «Pour le Sahara occidental, la question n'est pas l'autonomie ou non. Il s'agit d'un processus de décolonisation inachevé», a précisé le diplomate sahraoui, ajoutant que «ce qui doit être discuté n'est pas l'offre marocaine, sinon les résolutions de la communauté internationale appelant à permettre au peuple sahraoui de se prononcer librement sur son avenir».Sur le terrain diplomatique, et s'il n'y a pas de nouveaux pays qui reconnaissent la RASD (République arabe sahraouie démocratique), la cause du peuple sahraoui enregistre de nouveaux soutiens. Le Parti des travailleurs australien a, par exemple, réitéré son soutien à la cause sahraouie, dans une résolution ayant sanctionné son congrès début août. Plus sérieusement, la chambre basse du Parlement chilien a demandé «récemment» à la présidente Michelle Bachelet de reconnaître la RASD et d'établir des relations diplomatiques entre les deux pays. «La Chambre des députés réaffirme sa demande à la présidente de la République, Mme Michelle Bachelet, pour des raisons historiques constitutives à la nation hilienne, d'honorer la parole du Chili, en procédant le plus rapidement possible à la reconnaissance de la RASD et à établir, par conséquent, des relations diplomatiques entre les deux pays», soulignent les députés chiliens dans une résolution votée par l'ensemble des groupes parlementaires, selon une dépêche de l'agence sahraouie d'information, datée de Santiago, la capitale chilienne.Concernant la rencontre informelle du 9 août prochain à Vienne, en Autriche, une source du gouvernement sahraoui a rapporté hier que cette réunion, à laquelle assisteront l'Algérie et la Mauritanie en tant que pays observateurs, se déroulera sur deux jours. Loin de constituer un nouveau round de négociations, elle servira essentiellement à renouer un contact rompu –du moins officiellement- depuis mars 2008. Servira-t-elle de début de solution à ce vieux conflit ? En tout cas, l'envoyé spécial des Nations unies, Christopher Ross, est «optimiste».