L'université algérienne devra amorcer l'année 2009-2010 avec de nouvelles acquisitions et réalisations qui la rapprocheront un peu plus de l'objectif qu'elle est censée atteindre -assurer une formation de qualité- et du rôle qu'elle devra jouer -devenir un acteur à part entière dans le développement du pays et de la société-. Renforcement des capacités d'accueil, d'hébergement, de restauration et de transport tant qualitativement que quantitativement, ouverture de nouveaux centres universitaires dans différentes régions du pays pour une meilleure couverture, adoption du système LMD, création de grandes écoles pour une formation de pointe… ce sont là quelques acquis qui disent, indéniablement, les avancées accomplies par l'université algérienne. Mais d'autres chantiers, tout aussi importants et stratégiques, sont encore en attente d'être lancés, en amont, en aval et à l'entour de l'université ainsi qu'en son sein. L'université n'est, en effet, que le dernier segment de la filière qui commence à l'école, dont la mission est d'assurer une bonne formation pour alimenter la recherche scientifique et technologique ainsi que l'entreprise. Ainsi, on peut dire que, quand l'école va tout va, ou presque. Or, tel n'est pas le cas. L'école algérienne est encore et toujours minée par une multitude de déficiences allant du niveau de l'enseignement à la qualité des programmes, en passant par la surcharge des classes, la vétusté, voire l'absence des équipements et le déphasage de l'école, où la modernisation des systèmes et moyens d'enseignement est marginale. Et si les taux de réussite sont appréciables, cela ne voudra aucunement dire que l'école va mieux, mais seulement que les sujets d'examen sont au même niveau de l'enseignement lacunaire. Résultat : le niveau de l'université est tiré vers le bas. Et c'est des miracles qu'elle devra accomplir pour avoir au final ne serait-ce qu'un dessus de panier digne des diplômes qu'elle accorde. En plus de la faiblesse du niveau, l'université a, elle aussi, ses lacunes, écueils et problèmes qui apportent chaque année leur lot de grèves de professeurs revendiquant un peu plus de considération et un statut socioprofessionnel à la hauteur de la mission assignée. Les étudiants ont aussi leurs réclamations qui portent aussi bien sur la qualité de l'enseignement que celles de la restauration, de l'hébergement ou du transport. Au-delà de la légitimité ou non des revendications des uns et des autres, ce qu'il y a à retenir de ces grèves cycliques, c'est qu'elles sont les expressions symptomatiques attestant de l'existence au sein de l'université algérienne d'un malaise persistant -réel et/ou entretenu par des courants politiques qui veulent phagocyter l'université-, malaise qu'il faudra dissiper si on entend assainir le milieu universitaire. Il faudra soulager l'université de ces chaînes idéologiques et religieuses qui empêchent le développement de la pensée critique et de l'esprit scientifique. Mais il s'agira aussi d'intervenir alentour de l'université. Car, on ne peut construire une université performante avec des professeurs dont l'esprit, au lieu d'être à leurs cours et leurs publications, est obnubilé par le problème de logement, de transport, de fin de mois ou d'une vulgaire machine toujours en panne au laboratoire. Il en est de même pour le chercheur qui doit évoluer et travailler dans un milieu et un environnement propices à la recherche, la réflexion, le travail, et où il fait bon y vivre, une sorte de «Silicon Valley» en somme.Ainsi, la recherche sera mise sur les rails. Dès lors, elle pourra établir les ponts avec les entreprises économiques qui, conscientes de l'apport des nouvelles technologies, ne manqueront pas de réserver une part de leur budget au financement des travaux des chercheurs dont les projets sont prometteurs d'évolution, d'innovation ou de révolution. C'est ainsi et seulement ainsi que l'université et les universitaires algériens pourront jouer leur rôle dans l'économie et au sein de la société, rôle qui, pour l'heure, n'est pas encore endossé. H. G.