Plus que quelques jours et l'Algérie adoptera le week-end semi-universel en instituant le vendredi-samedi comme journées de repos hebdomadaire au lieu de jeudi-vendredi. Dans les rues algériennes, le débat sur l'ouverture des commerces le vendredi, jusque-là jour de repos, fait rage. Dans sa résolution finale, adoptée à l'issue de son conseil national tenu récemment, l'Union générale des commerçants algériens avait appelé ses adhérents à ouvrir leur commerce les vendredis. L'UGCA compte même lancer une campagne de sensibilisation auprès des commerçants afin de les inciter à s'adapter au nouvel aménagement du week-end. Mais les mauvaises habitudes ont la peau dure. Les commerçants ont en effet, selon la tradition habituelle, de tout temps fermé boutique le vendredi, qu'ils considèrent comme leur journée de repos, en plus du fait qu'elle coïncide avec la grande prière. Effectivement, nous avons pris l'habitude de vivre le vendredi comme une journée «morte» lors de laquelle la majorité des commerces baissent rideau. D'autant qu'il n y a pas de loi qui impose aux commerçants de travailler le week-end. Certains commerçants rencontrés affirment que l'instauration du week-end semi-universel ne changera en rien pour eux car ils ont pris l'habitude, nous disent-il, de travailler tous les jours de semaine. De même, précisent-ils, «l'instauration du nouveau repos hebdomadaire ne gêne en rien l'accomplissement de la prière du vendredi». Cela n'empêche nullement de consacrer une heure ou deux à la prière à proximité du lieu de travail», dit un jeune buraliste exerçant à Ben Aknoun. «La prière du vendredi ne doit aucunement, dit-il, être un prétexte pour ne pas travailler». Presque tous les autres pays musulmans ont adopté le week-end universel (samedi-dimanche), tout en respectant les horaires de prière du vendredi, pourquoi pas nous ?, s'interroge-t-on encore. Il est d'ailleurs facile de constater que même durant les autres jours de la semaine la plupart des travailleurs, notamment ceux qui exercent dans l'administration, quittent leurs bureaux à midi pour le déjeuner et ne reprennent le travail que vers 14 heures. Travailler un vendredi n'empêche personne d'accomplir la prière d'El Djamouaa et vaquer par la suite à ses occupations», enchaîne un autre commerçant d'El Achour, près d'Alger. Il faut dire que l'instauration week-end semi-universel, décision adoptée en Conseil des ministres, continue de susciter des avis mitigés parmi les commerçants. Ces derniers sont appelés à s'adapter à ce nouveau rythme de travail. Toujours est-il qu'il faut s'attendre à des chamboulements. Il est vrai que de nombreux partenaires économiques ont plaidé pour le week-end universel afin de s'adapter au contexte international dominé par les lois universelles de la concurrence et de la compétitivité. Pour les responsables d'organisations patronales et des chefs d'entreprises, l'aménagement du nouveau week-end s'impose comme une exigence économique inéluctable car, selon eux, le repos hebdomadaire appliqué depuis 1976 est à l'origine de nombreux retards et perturbations constatés dans les échanges économiques et commerciaux de l'Algérie avec l'étranger». Toutefois, certains de nos interlocuteurs ne s'expliquent pas cette manie de faire les choses à moitié, pourquoi ne pas opter carrément le week-end universel (samedi-dimanche) ? Pour rappel, le changement du week-end a déjà été adopté dans certains secteurs tels que celui des banques et des assurances, dont les sociétés se sont retrouvées dans l'obligation d'opérer un décalage pour tenter de réduire les pertes et s'adapter au rythme du client ou du fournisseur extérieur. A. B.