Avec le feuilleton à rebondissements scénarisé dans la désormais célèbre LFC 2009, qui est plutôt une loi de finances bis, la caractéristique essentielle du système politique local s'est encore affirmée avec force et clarté. Les partis constitutifs de la majorité présidentielle ont justifié les dispositions de ladite loi en silence, avec des réserves de pure forme venues du MSP qui ne sait plus s'il est du deuxième cercle du pouvoir ou s'il est dans le «soutien critique» inventé par les communistes en Algérie. Le comble pour une formation para-religieuse ! De son côté, l'opposition agréée par les pouvoirs publics, assurément en vacances ou stérile en expertise économique fiable et crédible, a laissé le champ libre à des commentateurs de presse et à des économistes nationaux pas plus démunis en matière grise que ceux de l'Exécutif. Malgré la canicule, la chute intempestive de la fameuse LFC, une volée de bois vert a été distribuée au gouvernement, du moins aux responsables montés au front, pour expliquer, après coup, des décisions qui auraient mérité un consensus après des débats publics et des concertations. Avec comme objectif stratégique un front intérieur fort, constitué par les pouvoirs publics, les opérateurs algériens, publics et privés, et, éventuellement, tous les partis politiques. Ne serait-ce pas là une des définitions du patriotisme tout court ? Et on dit bien que l'économie est politique. Les premiers à «prendre la colère» ont été les concessionnaires automobiles, les importateurs, les patrons, les investisseurs étrangers et, surtout, un nombre important d'experts et économistes nationaux qui, dans d'autres conditions, seraient ministres ou cadres supérieurs, certains l'ont d'ailleurs été. A l'évidence, le suivisme des trois formations présidentielles, à l'intérieur desquelles aucun bruissement n'a filtré sur le contenu de ce qui est devenu la LFC 2009, une loi à part entière, signifie qu'elles n'ont rien à dire sur les questions économiques et qu'elles ont su, en même temps que les banques qui prêtent, l'UGTA et quelques supporters du «poulailler». Il y a sûrement du vrai dans ce que disent, d'un côté, les ministres qui ont expliqué la LFC, certains de manière lourde et peu convaincue, et, de l'autre, ceux qui ne lui trouvent qu'archaïsmes et improvisation. Parmi ces derniers, les concessionnaires de voitures montées ailleurs, des responsables européens, des patrons locaux qui dépendant pour beaucoup de l'Etat et des marchés publics ont, certes, fait connaître leur point de vue, sans plus. Et il ne peut en être autrement, tant leur dépendance est réelle. Des décisions ex cathedra, une volte-face à chaque tournant économique, le refus viscéral de consulter, de discuter avec les opérateurs, les experts, l'opposition et même la majorité, sont toujours porteurs, à court terme, d'autres répliques de la LFC 2009, si la pente actuelle est toujours suivie. Celle de l'unilatéralisme, celle de celui qui sait tout et surtout l'avenir. Cette pente glissante fait que des gens sérieux, qui «ont fait des études» opposent le droit au logement (même à crédit) au besoin de posséder une voiture à crédit. Ce qui remet en mémoire un homme politique qui disait qu'entre l'Algérie et la démocratie il choisirait la première. Or, le bon sens et la vision à long terme imposent de choisir en même temps l'Algérie, la démocratie, la voiture et le logement et, si possible, moins d'écarts entre des salaires hauts, très hauts d'Algériens qui ne font rien sur l'année et d'autres qui triment huit heures par jour, sans logement ni voiture. Redire certaines vérités indiscutables n'est pas de la démagogie, identique à celle des tenants du «patriotisme économique» décliné à toutes les sauces, surtout à celle qui ferait roter un commerçant qui aurait appris sur le tas l'offre et la demande, la mondialisation et les velléités officielles algériennes pour adhérer dans des clubs de première division. Ce même commerçant sera à l'ordre dans quelques jours. Le gonflement de la facture alimentaire, qui ne fera que grossir à chaque mètre du sol national transformé en béton (avec l'accord de ceux qui ont fait la LFC), l'instabilité du prix du baril, l'importance de la voiture dans un pays qui a un semblant de transport collectif, l'attrait du crédit à la consommation connu depuis des lustres, la consommation d'électricité dans un pays chaud, tous ces paramètres sont connus depuis belle lurette par les compétences algériennes. Au départ, et il faut le reconnaître, la crise financière et ensuite économique qui frappe le monde a été banalisée par le gouvernement. Ce dernier a développé des discours patauds tenus par des hommes pourtant intelligents, qui consistaient à marteler que la crise ne concerne pas l'Algérie. C'est un peu la même chose pour la grippe, elle aussi banalisée, mais dont les effets, à Dieu ne plaise, se verront après La Mecque. Alors que choisir, la voiture ou le logement ? Dans une normalité économique qui ne sanctionne pas toujours le plus faible, le choix reviendrait au citoyen, avec des effets régulateurs imaginés, discutés et négociés en fonction de tous les paramètres qui ont mené à la LFC 2009. Le logement ou la voiture ? Les deux, m'sieu. A. B.